La Reconquête (1944-1945)
Au moment où la 1re Armée française vient de reprendre pied en Provence, un commandant aux galons gagnés dans les maquis toulousains, se présente au général de Lattre sous les ordres de qui il a déjà servi en 1940 à Opme en Auvergne. Il vient lui offrir un bataillon d’Alsaciens et de Lorrains dont la seule ambition, après avoir fait partie de « l’armée des ombres », est de combattre jusqu’à la libération de Strasbourg. Ce commandant c’est André Chamson, un chartiste, né à Nîmes, futur académicien et romancier déjà célèbre, chantre du pays cévenol et de ses rudes paysans qui ont tant lutté pour leur foi et leur liberté. Voilà donc cet ancien conservateur adjoint du musée de Versailles qui, il y a peu encore, était chargé de la préservation des œuvres d’art, lancé dans les combats de la brigade Alsace-Lorraine aux côtés d’André Malraux et du futur général Jacquot. Son livre, nous dit-il, n’est pas un livre de guerre.
« C’est un livre qui se passe au cœur de la guerre et dans ces résidus de paix qui traînent jusqu’au milieu des combats. Avant tout c’est le livre d’une Reconquête qui ne fut pas seulement la reprise d’un territoire mais la reconquête d’un héritage immatériel, notre véritable patrie, au-delà de ce que nous appelions naguère : la patrie ». Voilà bien défini, en quelques mots, un ouvrage où l’héroïsme ne se sépare jamais de l’humain dans toute sa simplicité, et où le tragique côtoie parfois le cocasse. Le ton est juste et authentique. Les scènes et les portraits sont souvent émouvants, parfois drôles, empreints d’un humour qui n’est jamais grinçant, et au travers duquel perce la bienveillance naturelle de l’auteur et même, avec un brin de scepticisme, toute sa tendresse pour l’homme qu’il veut rétablir dans sa dignité par-delà les combats et les frontières. ♦