Dunkerque
Dunkerque, ce fut à la fin du mois de mai 1940, ce « cul de sac enflammé » d’où l’on s’efforcera de sauver tout ce qui pouvait l’être des armées françaises du Nord. Ce fut, dans le même temps, le théâtre de l’opération Dynamo qui couvrait le réembarquement du corps expéditionnaire britannique. Et ce furent au total près de 340 000 hommes qui furent ainsi évacués.
Pour dramatique et héroïque qu’il fût ce passé récent, déjà maintes fois évoqué, ne constitue qu’une étape dans la longue histoire de la ville et de son port que nous conte l’amiral Lepotier, avec sa précision et sa minutie coutumières, ajoutant ainsi un maillon à la chaîne de ses études de nos grands ports.
Obstacles naturels à la navigation, mais protection aussi contre les attaques venant de la mer, les bancs de Flandre détermineront dans une large mesure l’histoire de cette bourgade de pêcheurs dont le nom flamand de Duyn-Kerke, « l’église des dunes », deviendra notre Dunkerque.
On ne saurait résumer en quelques lignes l’aventure de ces lieux qui tant de fois, au gré des successions, des alliances, des guerres et des traités, changèrent de mains et de propriétaires. Mais on ne saurait non plus passer sous silence les exploits de ces corsaires qui, dès le XIIIe siècle, y prirent naissance et y servirent, ancêtres des Jean Bart, des Gabaret, des Grosbois et des Sélingue.
Et il n’y eut de guerre, depuis lors, où la ville de Dunkerque ne fût étroitement concernée par les opérations et où son nom ne fût synonyme d’héroïsme.
Étape, avons-nous dit à propos des événements de 1940. Et c’est bien exact. La fin de la guerre avait laissé port et ville dans un désolant état de délabrement dont le remède n’apparaissait guère devant l’immensité des travaux nécessités par l’ensemble du territoire. Et voici que, patiemment, tout se reconstitue, que l’écluse Charles de Gaulle admet des navires de 125 000 tonnes, que le VIe plan prévoit de passer aux 300 000 t et que des plans existent d’un port accessible aux 500 000 t.
Belle histoire, étonnante de richesse, témoignage de courage et de volonté, qui mérite incontestablement d’être lue. ♦