La paix nucléaire
L’amiral de Joybert dédie ce livre « aux Français de bonne foi qui contestent ou récusent, dans leur défense, son principe, son objet et ses moyens ». Il s’agit donc d’une justification de la politique de défense basée sur la possession d’un armement nucléaire capable de dissuader un agresseur. Le fonctionnement du mécanisme de cette dissuasion est exposé avec clarté. Soucieux de convaincre un large public, l’amiral de Joybert emploie d’ailleurs un vocabulaire volontairement dépouillé de toute technicité.
On retrouve dans ce volume les échos d’une polémique bien connue dans laquelle l’ancien Chef d’état-major de la Marine (1972-1974) avait dénié à certains membres du clergé français toute compétence pour critiquer le bien-fondé de la politique nucléaire française. En ce volume, il expose sa position avec la même vigueur, mais aussi avec plus d’ampleur, et tire un parti habile des textes mêmes de ses adversaires (en particulier dans son chapitre consacré à « l’atome face à la morale »).
La finalité de l’armement nucléaire n’exclut nullement mais, au contraire, implique un environnement de forces classiques solides. On peut être reconnaissant à l’amiral de Joybert de souligner l’importance de ce principe et d’en tirer les conclusions nécessaires : car il attire l’attention sur les insuffisances du budget militaire français tombé, en proportion du Produit national brut (PNB), bien au-dessous des normes acceptées par les puissances comparables à la France.
L’ouvrage de l’amiral de Joybert vient à son heure. Il est de nature à appeler à une réflexion ceux que n’aveugle pas un antimilitarisme de principe. L’auteur souligne ajuste titre que la crédibilité de notre politique de dissuasion peut être atteinte par des manifestations permettant à nos alliés comme à nos adversaires éventuels de douter de notre volonté de défense. ♦