Soldat-citoyen. Essai sur la défense et la sécurité de la France
Membre du Comité directeur du Parti socialiste et président de la Convention des cadres pour l’Armée nouvelle (CCAN), Charles Hernu est l’animateur de la réflexion sur la défense au sein du « contre-gouvernement » de François Mitterrand. On connaît ses principales options en cette matière, il les a exposées à maintes reprises, non seulement dans la presse quotidienne mais aussi dans notre revue (cf. notre numéro de novembre 1974).
L’intérêt de son ouvrage est de nous retracer l’itinéraire de sa réflexion. La guerre d’Algérie, nous dit-il, lui a appris à poser en termes politiques les problèmes de défense et de l’armée. Sa pensée est dans le droit fil de celle de Jaurès : le socialisme, s’il est pacifiste, n’est nullement antimilitariste. Non seulement il n’est pas hostile à l’armée, émanation de la nation, mais il s’est toujours élevé contre le fait que l’armée se trouve coupée de la nation ; elle risque par là même de se voir soumise à la contestation ou, pire encore, à l’indifférence de la nation. Mais à travers de nombreux articles parus jadis dans la grande presse ou de rapports à usage interne du Parti socialiste, dont certains sont livrés au public pour la première fois, ce n’est pas seulement le progrès de la réflexion d’un seul qu’il nous est possible de suivre mais aussi celui de toute une équipe, qui forme aujourd’hui la Commission Défense nationale du PS. C’est donc un travail collectif qui nous est présenté et qui permet au lecteur d’apercevoir des nuances d’un auteur à l’autre, voire même des divergences – par exemple quant à l’armée de métier ou l’armée de conscription – et, bien entendu, des évolutions : ainsi en est-il du sort réservé à nos forces nucléaires en cas de victoire de la gauche et dont il est clair aujourd’hui – ce ne l’était pas en 1965 – qu’elles forment aux yeux des Socialistes une composante, non exclusive, certes, mais en tout cas indispensable de la dissuasion. Sur maintes questions importantes de la défense, Charles Hernu révèle que le débat reste ouvert au sein de son parti.
Un livre un peu foisonnant, qui avance des solutions dont quelques-unes apparaîtront un peu utopiques, mais dont on appréciera la bonne foi et l’intention qui l’anime d’insuffler à la défense un esprit jaurésien qui ne lui nuirait sans doute pas. ♦