Voici tes fils
Résistant de la première heure, Pierre Lefranc s’est voué au gaullisme, comme on entre en religion, dès la fin de ses études secondaires, en 1940. Ce qui signifie qu’il a vécu tout jeune, au cours des années qui ont suivi sa « prise d’habit », de bien singulières et parfois dramatiques aventures. Il en a aujourd’hui entrepris le récit, en faisant appel à ses souvenirs de l’époque qui paraissent être restées relativement présents à sa mémoire, et en les complétant – car on ne peut tout de même pas reconstituer après 40 ans jusqu’aux dialogues et aux jeux de physionomie des moindres comparses – par le produit de son imagination. Cet amalgame se résout en une évocation vivante, facile à lire et, après tout, assez vraisemblable, malgré quelques exagérations manifestes.
Les trois principaux moments des aventures relatées sont : les tribulations de l’auteur dans les geôles espagnoles après son évasion de France, son passage au Maroc, où le giraudisme, pour l’heure, avait plus d’audience que le gaullisme, et enfin son séjour en Angleterre pour y apprendre le « terrorisme » avant son parachutage en France en vue de participer à l’encadrement d’un maquis. Un certain nombre de ses camarades accompagnent l’auteur dans ces aventures, ce qui donne l’occasion, tout en s’essayant au portrait, d’approfondir quelque peu, au contact de mentalités différentes de la sienne, ses propres motivations. Mais, ceci dit, c’est essentiellement d’action qu’il s’agit dans le livre. La réflexion, qu’elle ressortisse à la philosophie, à la sociologie, à l’histoire ou à n’importe quelle autre discipline intellectuelle, en est totalement, et sans aucun doute volontairement, absente. Pierre Lefranc a choisi un genre et s’y tient. ♦