La libération de Bordeaux
Cette fois c’est à un historien bordelais que M. Henri Michel, directeur de la collection « La Libération de la France », a demandé d’écrire l’histoire de la libération de Bordeaux. Auteur d’une thèse sur la Révolution à Bordeaux, Pierre Bécamps applique ses qualités d’historien au problème non moins complexe de la Libération. Ce livre ne se présente donc pas, comme certains autres de la collection, sous la forme d’un témoignage mais comme une étude dépouillée de passion. Dans sa brève préface, Jacques Chaban-Delmas – qui connaît bien cette phase de l’histoire bordelaise – écrit de cet ouvrage qu’il mérite le respect car il « est un exemple de mesure dans le jugement et de modération dans le ton », constatation que pourra faire tout lecteur.
Dans une première partie, Pierre Bécamps trace d’abord un panorama, à la fois clair et documenté, de l’occupation et du développement de la Résistance jusqu’en août 1944. Ce développement est d’ailleurs très compromis à partir du deuxième semestre 1943, par l’affaire Grandclément, ce chef régional de l’OCM (Organisation civile et militaire) qui, arrêté, accepte de collaborer à la Gestapo par anticommunisme, avant d’être abattu un an plus tard par des Résistants. Ce climat trouble, que crée l’« Affaire », va engendrer de nombreuses suspicions, des rivalités entre les chefs se recommandant d’autorités différentes, comme « Aristide » (du SOE britannique, Special Operations Executive), Moraglia, chef régional des FFI (Forces françaises de l’intérieur), ou « Triangle », le délégué militaire régional désigné par le BCRA (Bureau central de renseignements et d’action).
Dans la deuxième partie, est évoquée la libération de Bordeaux et de ses environs. En ce qui concerne la capitale régionale, il s’agit surtout des négociations menées par différents responsables bordelais avec les autorités militaires allemandes pour sauver la ville et le port de la destruction, contre leur évacuation sans entrave. Mais dans le Bordelais et le Médoc, les accrochages se multiplient ; et d’ailleurs l’évacuation ne sera pas totale puisque les Allemands resteront accrochés à la pointe de Grave. C’est seulement le 15 avril 1945 que sera dégagé l’estuaire de la Gironde.
Enfin dans une troisième partie, Pierre Bécamps analyse tous les problèmes de l’après-Libération (épuration, ravitaillement, reprise économique, renaissance de la vie politique du temps de paix) avant de terminer, par un bilan succinct de cette période tourmentée de l’histoire bordelaise. ♦