British Defence East of Suez, 1947-1968
L’indépendance de l’Inde, suivie de près de celle des autres colonies britanniques d’Asie, a vidé de son contenu l’impératif catégorique qu’avait constitué pour l’Angleterre jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale la défense de l’océan Indien. Cette obligation était l’un des deux ou trois piliers sur lesquels reposait tout le système politique et militaire de défense de la Grande-Bretagne. Sa disparition exigeait logiquement une révision radicale de l’ensemble du dispositif précédemment en place, c’est-à-dire l’élaboration de nouveaux concepts stratégiques et une nouvelle estimation des moyens destinés à leur mise en œuvre.
Ce processus s’est étalé sur vingt ans, délai considérable qui s’explique (plutôt qu’il ne se justifie, estime Phillip Darby) par la prudence inhérente aux dirigeants politiques de la Grande-Bretagne, par la complexité des problèmes techniques liés à la réalisation des systèmes d’armements modernes, par le souci d’atténuer les inévitables réactions affectives de la nation, et surtout par les difficultés éprouvées pour concrétiser militairement sur le terrain les décisions d’ordre politique liées à la décolonisation. Tout cela s’est traduit par des tergiversations, des demi-mesures, des retours en arrière, et des ambiguïtés qu’analyse très clairement et avec beaucoup de précision Phillip Darby, professeur à l’Université de Melbourne, dans une étude réalisée sous le patronage du Royal Institute for International Affairs.
Au-delà des faits et des péripéties, l’auteur nous propose de nombreux thèmes de réflexion sur ce qu’on pourrait appeler la politique globale de défense d’une grande nation moderne. Il rejoint ainsi une des préoccupations majeures de la Revue Défense Nationale qui se devait donc de signaler cet excellent ouvrage à ses lecteurs. ♦