L’homme plus
Cet ouvrage, qui a pour sujet (précisons-le, car le titre peut paraître équivoque) le développement économique dans les sociétés évoluées, est original, non pas tellement eu égard à son contenu que du fait de sa présentation. Il est offert sous une belle reliure en skaï rouge, avec titres dorés sur le plat et sur le dos ; il est imprimé sur très beau papier ; et surtout, son format est rigoureusement carré, 14 cm x 14 cm ; on dirait, au premier abord, un mémento ou un formulaire. De quoi s’agit-il donc, en fait ?
La préface de Michel Poniatowski et la date de parution : février 1973, à la veille des dernières élections, nous en fournissent peut-être une explication. Ne serions-nous pas en présence d’une sorte de répertoire d’idées à usage de la classe politique ? Il nous a semblé, en effet, reconnaître dans le texte bien des thèmes, en particulier sur la construction de la société future, qui ont été et sont toujours assez abondamment utilisés dans les déclarations politiques des leaders des républicains indépendants.
Quoi qu’il en soit de cette hypothèse de détective qu’est toujours plus ou prou le critique de livres, les réflexions de Lucien Lammers sur l’avenir de notre société, qu’il dénomme scientifique, et sur le renouveau social, politique et économique de l’État, qui serait, si nous le voulions, à notre portée, sont loin d’être dénuées d’intérêt. Pour matérialiser ce renouveau, l’auteur propose, en s’adressant surtout aux jeunes et aux cadres des entreprises et de la Nation, une nouvelle éthique des rapports humains, qu’il explicite très clairement par endroits, d’une façon plus confuse à d’autres, et qu’il rattache dans son ensemble et dans sa finalité à la pensée de Teilhard de Chardin. Le patronage est de taille, mais nous pensons que l’éminent jésuite, s’il avait eu le loisir de s’intéresser à l’économie politique, n’aurait pas refusé sa bénédiction à ce petit livre sérieux. ♦