Contre-révolution et révolte
Les idées de Marcuse ont, depuis pas mal de temps déjà, une audience incontestable dans le milieu étudiant. Les slogans de mai 1968 l’ont bien montré. Plus récemment et avec plus de sérieux, elles ont été vulgarisées par les candidats gauchistes au cours de la campagne électorale. Mais il est toujours intéressant de prendre connaissance d’une thèse sous la plume même de son auteur, de « première main », en quelque sorte. On s’aperçoit alors, comme il arrive souvent dans de pareils cas, que tout n’est pas absolument critiquable dans la pensée de l’auteur et que c’est plutôt l’usage qu’en font certains de ses disciples qui enlève aux « honnêtes gens » le goût d’approfondir les théories du maître.
Malheureusement, quelques chapitres et la conclusion mis à part, les développements de Marcuse, la traduction aidant, sont difficiles à suivre, sinon, par moments, simplement incompréhensibles. Mais de place en place jaillissent quelques formules cinglantes et quelques analyses qu’il est difficile, honnêtement, de récuser en bloc. Car, qu’on tienne pour le Système ou pour la Révolution, tout le monde est conscient qu’il y a quelque chose qui ne tourne plus rond dans notre société. Contrairement aux communistes, Marcuse ne pense pas qu’on puisse y remédier par l’action politique. Pour lui, la révolution sera culturelle ou ne sera pas, et il explique pourquoi. Nous sommes là en plein dans la doctrine de la Nouvelle Gauche. Doit-on l’ignorer ou la rejeter a priori, par conservatisme ? Ou par ennui ? Il n’est pas certain que ce soit là une attitude bien judicieuse. ♦