Université et Société aux États-Unis
« Il ne peut y avoir de séparation complète entre la production d’une société par elle-même, la gestion de ses changements et la reproduction de son organisation ». Il en est ainsi de l’Université américaine qui, malgré l’inégalité de ses niveaux, la diversité de ses méthodes, le nombre de ses tutelles et des sources mêmes de ses moyens de vie, présente une remarquable unité. Il est dans le propos affirmé de l’auteur de ce livre d’en montrer la nature, tout en situant le système universitaire dans la société.
Ce système a, bien sûr, évolué depuis sa conception. Instrument indispensable à l’intégration nationale puis à la conduite d’une économie mutante, il est devenu le moule d’une élite dirigeante pour être aujourd’hui le creuset où se transforment les sciences et les techniques.
Mais l’Université, nous dit Alain Touraine, parce qu’elle est un centre de production et de diffusion de la connaissance scientifique, devient de plus en plus un lieu central des conflits de notre temps.
Les crises qui, depuis 1967, ont agité les « campus » ont moins pour origine des revendications organisationnelles que la mise en accusation de l’idéologie. La contestation américaine, née du problème noir et de la guerre au Vietnam, ne peut constituer pour nous un « référentiel ». Mais aux États-Unis comme en Europe, les étudiants, devenant la conscience de la société, sont un élément essentiel de son fonctionnement. L’enquête sociologique d’Alain Touraine, menée à rigueur, fait apparaître une image particulière ment nette de ceux qui entendent prendre la charge de notre devenir. ♦