Avril 1973 - n° 321

Exposé de l'ancien secrétaire général des Affaires étrangères (1965-1973) à l'École supérieure de guerre le 2 mars 1973. Il avait auparavant représenté la France au Conseil de l’Otan, aux Nations unies puis aux États-Unis. Lire la suite

  p. 11-20

Ancien officier (St-Cyr 1916-1917), avocat et député (UDR) des Yvelines, l'auteur a fait partie, sous les précédentes législatures, de la Commission des finances de l'Assemblée, et il en a été, de 1962 à 1967, le président. Il développe dans cet article certaines des idées qu'il avait exprimées comme rapporteur spécial des problèmes généraux de la défense nationale à l'occasion des budgets de 1972 et 1973. Stigmatisant dans son dernier rapport les carences dont souffre l'éducation de défense des Français, il concluait : « Si l'instruction civique n'entraîne chez chacun de nos concitoyens la conviction que nos institutions, nos foyers, notre terre, valent d'être protégés, défendus, sauvés des impérialismes quels qu'ils soient, cette volonté de défense disparaîtra. Il est grand temps que tous soient conscients de la nécessité de voir renaître cet élan qui a permis à la nation française de demeurer indépendante en dépit de toutes les menaces, de tous les drames de son histoire ». Lire les premières lignes

  p. 21-31

Comme toutes les puissances industrielles, la France dépend largement de l'étranger pour l'importation de ses produits de base, particulièrement dans le domaine énergétique. Or, notre flotte de commerce stagne et ne couvre même plus à 50 % les transports assurant nos besoins vitaux. Il en résulte pour notre pays, estime le Chef d'état-major de la Marine, une vulnérabilité qu'un adversaire audacieux pourrait un jour être tenté d'exploiter. Il faut faire en sorte que nous ne soyons pas pris de court par une telle éventualité.

  p. 33-44

À quoi bon des stocks stratégiques ? Le propre d'une stratégie de dissuasion n'est-il pas précisément de se prémunir contre la guerre ? Son échec même ne signifierait-il pas l'inévitable et rapide montée aux extrêmes ? Raisonner ainsi, c'est ignorer qu'une stratégie de dissuasion ne garantit pas contre l'éventualité d'une crise, d'une agression économique restant en deçà du seuil de la violence ouverte. Faute de défense économique, un pays, même doté d'une force nucléaire, peut être mis à genoux. Une politique de stocks stratégiques est un élément indispensable de cette défense économique. Le prix dont un pays est prêt à la payer est en fait celui de son indépendance : une société d'abondance n'en a malheureusement pas suffisamment conscience dans une période de détente. Lire les premières lignes

  p. 45-58

La défense de l’Europe sur son flanc Nord préoccupe les Occidentaux. Considérant que l’écrasante supériorité locale soviétique n’est pas dirigée contre la Scandinavie mais découle de la confrontation de l’URSS avec les États-Unis, la Norvège et le Danemark interdisent le stationnement permanent de toute force étrangère sur leur territoire. Le déséquilibre qui affecte ainsi la défense de cette région méritait d’être rappelé au moment où nous vous présentons cet exposé de la conception de la défense suédoise que nous avons demandé à l'attaché naval et de l’air près l’Ambassade Royale de Suède à Paris. Lire les premières lignes

  p. 59-74

On se souvient de l'émotion suscitée par la publication en octobre 1970 d'un Livre blanc japonais sur la défense qui semblait admettre l'éventualité de la possession d'un armement nucléaire purement défensif. Faut-il donc craindre que le Japon, déjà parvenu au rang de troisième puissance économique du monde, ne soit à nouveau tenté par l'aventure militaire ? Jeune officier de Marine ayant séjourné récemment pendant plus d'un an au Japon, l'auteur apporte ici des éléments de réponse à cette question. Il retrace d'abord les origines historiques du militarisme japonais et les sentiments du peuple aujourd'hui à son égard, puis décrit l'organisation actuelle de la défense et la situe dans la perspective de la politique extérieure du Japon entre les trois grandes puissances nucléaires riveraines du Pacifique. Lire les premières lignes

  p. 75-88

Des inconvénients qu'on encourt, en diplomatie comme à la guerre, à juger d'une situation d'après le précédent sans tenir compte de la conjoncture, laquelle ne se reproduit jamais de façon identique. La recherche d'analogies historiques plus lointaines permettrait de situer le précédent dans le contexte convenable, donnerait matière à réflexion et disposerait l'esprit à une plus large ouverture aux possibilités. L'auteur, ancien ambassadeur, est vice-président du Comité d’études de défense nationale (CEDN).

  p. 89-97

Les lois de la guerre sont souvent considérées comme un accessoire de la guerre, plus ou moins bien accueilli par les belligérants et dont l’importance dans la réalité militaire est des plus limitées. Cette idée est fausse. Si paradoxal que cela puisse paraître, la guerre, dans sa notion comme dans sa réalité, baigne dans le droit international. Lire les premières lignes

  p. 99-116
  p. 117-123
  p. 125-131
  p. 133-152

Chroniques

La Conférence sur le Vietnam qui s’est ouverte à Paris le 26 février 1973 a été à la fois un retour au passé et un symbole du renouveau de la vie internationale. Retour au passé : c’était la première fois depuis la Conférence sur le Laos de 1962 que tant de puissances se rassemblaient en un même lieu pour discuter d’un problème particulièrement complexe et délicat, et que les Européens y prédominaient pour tenter de trouver une solution à un problème asiatique. Il en était ainsi lorsque les grands débats concernaient la guerre froide ou la décolonisation. Signe de renouveau : bien des choses ont changé depuis ces grands débats, la tension sino-soviétique s’est amplifiée en rupture, Washington a normalisé ses relations avec Moscou et commencé de les normaliser avec Pékin, la détente entre l’Est et l’Ouest est devenue l’une des données majeures de toutes les discussions, les protagonistes s’affrontent plus sur le terrain des propositions de paix que sur celui des menaces, et personne ne souhaite l’échec des négociations. Mais ce qui se passe dans les salles de conférences est loin de ce qui se passe sur le terrain, et si Hanoï voit dans l’Accord du 27 janvier 1973 une étape de la révolution, Saïgon veut y voir la garantie de l’existence du Sud-Vietnam et une chance pour cette « troisième force » dont le Nord-Vietnam, dans sa dialectique manichéenne, ne veut même pas envisager la possibilité. Lire la suite

  p. 153-156

Après la promulgation de la loi du 13 juillet 1972 portant statut général des militaires, certaines dispositions de cette loi sont entrées immédiatement en vigueur, d’autres, par contre, nécessitent l’intervention de textes complémentaires. Lire la suite

  p. 157-161

En présentant son projet pour l’année budgétaire 1973-1974, le Président Richard Nixon a invité le Congrès à voter cette année, en priorité, un budget limitant les dépenses au montant de 268,7 milliards de dollars soit une augmentation de 8 % par rapport à l’exercice précédent. Il l’a exhorté en même temps à contenir le déficit dans la limite de 12,7 Md, proposée dans ce budget, qui se caractérise à la fois par une réduction du rythme de progression des dépenses et par un programme important d’économies. Lire la suite

  p. 162-168

L’année 1973 va voir la mise en service, dans les unités de combat, d’un nombre important de matériels nouveaux. Si cette arrivée massive ne bouleverse ni les missions ni les structures de l’Armée de l’air, elle n’en constitue pas moins une évolution majeure de sa capacité opérationnelle. Lire la suite

  p. 169-173

Le budget de la Défense britannique pour l’exercice 1973-1974 débutant le 1er avril prochain se monte à 3,365 millions de Livres, ce qui représente 5,3 % du PNB de nos voisins (4,9 % calculé selon les normes françaises) et une augmentation de 529 millions de Livres par rapport à l’exercice budgétaire précédent. Cette augmentation est essentiellement due à l’accroissement des soldes des personnels civils et militaires des armées et à la hausse du coût de certains matériels. Le « White Paper sur la défense justifie l’effort budgétaire – le plus important de l’Europe occidentale – que le Royaume-Uni consacre à sa défense par la nécessité d’équilibrer celui de l’URSS. Celle-ci en effet ne cesse d’augmenter chaque année ses dépenses militaires. L’an dernier, ses possibilités stratégiques se sont accrues par la construction de 90 sites de missiles balistiques intercontinental (ICBM) et par la mise en service de six nouveaux sous-marins nucléaires lance-missiles balistiques (bâtiments de la classe Y). L’URSS, précise le White Paper, dispose actuellement de 1 500 ICBM, de quelque 700 missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) et d’environ 60 sous-marins stratégiques et 300 sous-marins d’attaque dont 70 à propulsion nucléaire. Les forces navales, terrestres et aériennes ont été dotées d’armes et d’équipements de haute qualité. En dépit, enfin, du renforcement des unités déployées le long de la frontière chinoise, on n’a point constaté une diminution du potentiel soviétique face aux nations de l’Otan. Lire la suite

  p. 174-177

L’assassinat d’Amilcar Cabrai, secrétaire général du Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), a suscité une émotion intense dans le Tiers-Monde. Animateur du PAIGC depuis vingt ans, ce chef nationaliste, dont le rayonnement personnel atteignait au niveau international, disparaît avant l’achèvement de sa mission de « libération » des territoires demeurant soumis à l’autorité portugaise dans l’Afrique de l’Ouest. Lire la suite

  p. 178-184

Bibliographie

Raymond Aron : République impériale. Les États-Unis dans le monde, 1945-1972  ; Éditions Calmann-Lévy, 1973 ; 400 pages - Claude Delmas

Le titre du dernier ouvrage de Raymond Aron ne doit pas créer d’équivoque : « impériale » n’est pas synonyme d’« impérialiste ». « L’historien ou le politique baptisera impériale une politique qui intervient dans le monde entier sans viser à l’édification d’un empire au sens juridique ou effectif du terme ; il baptisera impérialiste une diplomatie qu’il veut condamner, dont il veut dévoiler les intentions d’exploitation ou de domination ». Lire la suite

  p. 185-185

Georges Berlia : Problèmes nucléaire et relations internationales  ; Éditions Montchrestien, 1972 ; 115 pages - Claude Delmas

L’ouvrage est mince, mais il a le mérite d’être clair, bien que, dans ce cours à la Faculté de Droit de l’Université de Paris II, Georges Berlia se soit efforcé de ne rien laisser dans l’ombre des nombreuses données de ce problème du rôle joué par le « fait nucléaire » dans les relations internationales. « Il s’agit de rechercher dans quelle mesure les relations internationales n’ont plus été conduites depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale comme elles l’étaient antérieurement, parce que le fait nucléaire a entraîné quelques spécificités dans le comportement des gouvernants responsables ». Lire la suite

  p. 186-186

Morton H. Halperin : Contemporary Military Strategy  ; Éditions Faber and Faber, 1970 ; 149 pages - André Nolde

Les différentes théories en matière de stratégie militaire considérée comme instrument de la politique des puissances sont clairement et simplement exposées dans ce petit ouvrage qui s’adresse au grand public aussi bien qu’aux spécialistes. Ce sont les stratégies des États-Unis, de l’URSS et de la Chine populaire qui retiennent surtout l’attention de l’auteur et il en analyse l’évolution en fonction du progrès des armements atomiques. ♦

  p. 186-186

Andrew J. Pierre : Nuclear Politics  ; Oxford University Press, 1972 ; 378 pages - André Nolde

La décision de développer une force stratégique nucléaire a été prise par l’Angleterre dès 1941. Elle l’a voulue indépendante, et toute sa politique d’après-guerre eut à tenir compte des conséquences de cette décision. L’étude remarquablement documentée de Andrew J. Pierre retrace pas à pas l’évolution du problème ainsi posé. ♦

  p. 186-186

Collectif : Annuaire de l’URSS 1970-1971  ; Éditions Librairie Istra, 1972 ; 751 pages - André Nolde

Voici une publication fort intéressante. Il ne s’agit pas du tout d’un annuaire dans le sens habituel du terme, c’est-à-dire d’un recueil périodique de statistiques, de courbes, de données numériques et de renseignements d’ordre pratique plus ou moins commentés. Ni de l’URSS seule, mais de l’ensemble des républiques démocratiques qu’elle contrôle. En fait, cet ouvrage rassemble un certain nombre d’études de spécialistes et de chercheurs, effectuées dans le cadre des activités du Centre de recherches sur l’URSS et les Pays de l’Est de l’Université des Sciences juridiques, politiques et sociales de Strasbourg. Lire la suite

  p. 186-187

Collectif : Annual of Power and Conflict 1971  ; Institute for the Study of Conflict, 1971 ; 141 pages - André Nolde

Ce petit annuaire est d’un genre original et nouveau. Lire la suite

  p. 187-187

Collectif : The Communist States in Disarray 1965-1971  ; University of Minnesota Press, 1972 ; 363 pages - André Nolde

Il s’agit d’un recueil de 15 conférences prononcées dans le cadre du « Programme d’études soviétiques et est-européennes » de l’Université Carleton d’Ottawa, sur le thème de l’évolution politique du monde communiste, après la mise à l’écart de Khrouchtchev en URSS. Lire la suite

  p. 187-188

Jean-Jacques Lentz : De l’Amérique et de la Russie  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 320 pages - André Nolde

Sous le titre de l’un d’entre eux, il s’agit d’un recueil de six essais philosophiques qui ont été inspirés à l’auteur par la recherche de ce qui, dans le domaine des idées, caractérise notre époque – c’est ce qu’il appelle l’esprit du temps – et de ce qui distingue les deux grands protagonistes d’idéologies rivales – c’est l’esprit des lieux. Telle est du moins l’explication que l’auteur lui-même nous donne de la structure de son livre. Lire la suite

  p. 188-188

Alain Touraine : Université et Société aux États-Unis  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 300 pages - H. N.

« Il ne peut y avoir de séparation complète entre la production d’une société par elle-même, la gestion de ses changements et la reproduction de son organisation ». Il en est ainsi de l’Université américaine qui, malgré l’inégalité de ses niveaux, la diversité de ses méthodes, le nombre de ses tutelles et des sources mêmes de ses moyens de vie, présente une remarquable unité. Il est dans le propos affirmé de l’auteur de ce livre d’en montrer la nature, tout en situant le système universitaire dans la société. Lire la suite

  p. 188-189

Henry A. Kissinger : Le chemin de la paix  ; Éditions Denoël, 1972 ; 440 pages - J.-L. T. R.

Les récents développements de la carrière de Henry Kissinger confèrent à l’édition française de son Chemin de la Paix une actualité et un piquant que n’avait pas l’édition américaine lors de sa parution en 1964. Lire la suite

  p. 189-189

Han Suyin : Le déluge du matin  ; Éditions Stock, 1972 ; 592 pages - André Nolde

Han Suyin est surtout connue dans le grand public comme romancière. Le titre de son dernier livre peut faire penser qu’il s’agit bien, cette fois encore, d’un roman. Cependant, il n’en est rien. Han Suyin s’est muée en biographe et en historien. Elle nous raconte ici la vie de Mao Tsétoung et la révolution chinoise avec laquelle, et pour laquelle, il a vécu. Lire la suite

  p. 190-191

Claude de Marcilly : Un PDG, pourquoi faire ?  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 255 pages - H. N.

À ce jour, les 70 000 sociétés anonymes françaises sont dans l’ensemble autant de royaumes, et sur chacun d’eux règne un monarque dénommé PDG. Lorsque les lecteurs – et il est souhaitable qu’il s’en trouve – sauront que ces entreprises réalisent les deux tiers du chiffre d’affaires du secteur privé, ils concevront sans peine la nécessité qu’il y avait à dessiner le portrait-robot de ceux qui les dirigent. Lire la suite

  p. 191-191

Barry Commoner : L’encerclement  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 300 pages - H. N.

Parmi les êtres vivants, l’homme serait-il le seul à « souiller son nid ? ». Non, assure Barry Commoner, mais les esturgeons ont déserté le lac Érié, dans l’Illinois, et l’eau des puits est contaminée, Los Angeles est asphyxiée par le « smog », çà et là, les centrales nucléaires ou les expériences empoisonnent l’atmosphère de leurs fumées ou de leurs retombées. Lire la suite

  p. 191-192

Centre d’économie bancaire internationale de l’Université Paris I : Le change à terme. Technique, théorie, politique  ; Éditions Cujas, 1972 ; 207 pages

Bien des discussions sur les mouvements internationaux de capitaux, les couvertures de change, la spéculation, la réforme du système monétaire mondial, etc. reposent sur des bases quelque peu incertaines faute d’une connaissance adéquate des opérations de change à terme et de leurs implications économiques. Lire la suite

  p. 192-192

Revue Défense Nationale - Avril 1973 - n° 321

Revue Défense Nationale - Avril 1973 - n° 321

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Avril 1973 - n° 321

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.