De l’impérialisme
George Lichtheim, d’origine allemande, ayant fait ses études à Berlin et à l’université de Heidelberg (Bade-Wurtemberg), citoyen britannique, professeur à l’université de Stanford aux États-Unis, cherche, dans le présent ouvrage, à s’expliquer et à nous expliquer le contenu du terme impérialisme si couramment employé dans des sens parfois différents, par les scientifiques, les politiciens et le grand public.
Nous lui savons gré de s’attaquer à ce problème avant tout en historien. Car les réflexions qu’il nous livre, entre autres, sur les fondements de l’imperium romain, sur la « montée » de l’Europe carolingienne, sur l’expansion coloniale de l’Angleterre, sur les ambitions d’hégémonie des Empires centraux au XIXe siècle, sont pleines de finesse, d’originalité et d’érudition. Nous le suivons moins bien lorsqu’il nous entraîne dans des « détours par la théorie économique », car son intention devient difficile à saisir et son argumentation paraît parfois obscure (faut-il en rendre responsable la traduction ?).
En fait, ce que George Lichtheim s’efforce de démontrer, semble-t-il, c’est que l’identification faite par Lénine, et assez généralement admise après lui, entre capitalisme et impérialisme ne résiste pas à l’analyse. Il y a des impérialismes socialistes, comme il y a eu des impérialismes libéraux et comme il y aura également, s’ils ne se manifestent déjà, des impérialismes post-capitalistes.
Quoi qu’il en soit de cette dialectique, le grand mérite du présent ouvrage est de remuer beaucoup d’idées, puisées dans les propres réflexions de l’auteur, mais aussi dans celles de nombreux penseurs qui, depuis Cicéron et Tacite, jusqu’à Rosa Luxemburg et Mao se sont penchés sur la signification et les rapports des innombrables concepts en « isme » qui fournissent un thème privilégié aux études de science politique.
Cette particularité de l’ouvrage lui donne d’ailleurs un caractère didactique qui le fera certainement apprécier dans les écoles et universités par les élèves comme par les professeurs. ♦