Le gaullisme ou la loi de l’effort
Il ne faut guère s’y tromper. Quoi que nous en dise l’auteur, son livre – ne serait-ce que par la date de sa parution – est avant tout un programme politique – celui d’un des trois grands partis qui se présentent aux élections de mars 1973. Il a cependant, par rapport aux autres programmes publiés ou connus, une singularité. Il est précédé d’un très long développement à allure philosophique – 127 pages sur 260 – consacré à l’examen d’une question très pertinente, mais qui n’est pas nouvelle à vrai dire : l’action politique du général de Gaulle procédait-elle d’une doctrine ? Et si oui, comment pourrait-on formuler cette doctrine, puisque le général s’est toujours refusé à toute systématisation de sa pensée ?
C’est ce préambule, nous semble-t-il, qui constitue la partie la plus intéressante du livre de Maurice Papon. Car de Gaulle était un homme secret, qui se plaisait à l’être et qui se plaisait aussi à dérouter aussi bien ceux qui le suivaient que ceux qui s’opposaient à lui. Découvrir le fil directeur qui le faisait agir dans tel ou tel sens n’était donc pas donné à tout le monde. On s’essoufflait à le suivre. Et si on est aujourd’hui à l’abri de surprises, le travail qui consiste à regrouper en un tout cohérent le champ bouillonnant des forces « tous azimuts » de la pensée gaullienne reste toujours difficile sinon aléatoire.
Maurice Papon y réussit, à vrai dire, au mieux et tous ceux qui croient à la vertu du raisonnement, avec tout son arsenal de syllogismes, d’analogies, de thèses et d’antithèses, seront certainement convaincus par sa dialectique.
Mais il est moins sûr qu’ils retrouvent dans le programme que l’auteur présente ensuite, toute l’originalité, tout le dynamisme et toute l’ardeur, dans l’action, si bien dépeints et démontrés dans le développement préliminaire. ♦