La rentrée en scène du Japon
Cette étude a pour origine un rapport préparé pour un colloque organisé par le Centre d’étude des Relations internationales (CERI) sur le thème des relations inégales entre États. Le cas du Japon en face des États-Unis depuis 1945 et de son émancipation progressive a paru particulièrement intéressant à étudier de ce point de vue. Au point de départ, un pays en ruines et profondément traumatisé par la défaite n’avait d’autre recours que de se soumettre à peu près totalement à son vainqueur, au point que celui-ci put, en rupture avec l’histoire, lui faire accepter comme allant de soi son propre système de valeurs.
Au point d’arrivée, on se trouve en présence d’une nation qui, ayant presque décuplé sa capacité de production industrielle par rapport à l’avant-guerre, est devenue la troisième puissance économique du monde (et dans certains secteurs la deuxième, voire la première) et qui, désormais capable de reprendre le contrôle de sa propre destinée, fonde sur son intérêt son alliance avec les États-Unis. Cette réussite – plus complète sans doute que celle de l’Allemagne, car le Japon n’a pas dû subir de partition et son taux de croissance est sans équivalent dans le monde – apparaît dans toute son ampleur depuis quelques années seulement. Pour en mesurer l’importance, et pour comprendre tout ce que représentent les résultats du récent voyage à Pékin de M. Tanaka, Premier ministre japonais, il convient de prendre un peu de recul. En envisageant ce processus dans une optique relationnelle, Pierre Fiesté fait apparaître comment l’émancipation s’est développée initialement dans un contexte bilatéral, puis comment, dans une seconde phase, les relations nippo-américaines sont devenues un simple élément d’un système de relations multipolaires. À l’heure où s’annonce une « nouvelle Asie », le livre de Pierre Fiesté présente ainsi un intérêt profond. ♦