Les racines du hasard
Un spécialiste de ce qu’on peut appeler paradoxalement les sciences inexactes a récemment affirmé dans un ouvrage de grande vulgarisation que nous étions tous « paranormaux ». D’aucuns, ignorant le sens du mot et lui trouvant une résonance vaguement péjorative, ont pu s’en offenser. Ils seront sans doute rassérénés quand ils sauront qu’entre la physique moderne et la parapsychologie la frontière est des plus ténues. Au mépris des vieux tabous, courant le risque d’être moqué pour son « pseudo-scientifisme », Arthur Koestler opère un rapprochement « négatif » entre la mécanique quantique et les perceptions extrasensorielles.
Est-il si absurde de penser que des particules puissent constituer le support d’un flux télépathique ou hypnotique et véhiculer des clairvoyances ou des prémonitions ? Des savants parmi les plus grands de notre temps – certains ont vu leurs travaux couronnés par le prix Nobel – se sont fait les défenseurs de ces théories, pas plus hardies au fond que celles des univers parallèles, de l’espace courbe ou du temps à deux dimensions. S’il en était autrement, on comprendrait mal que la parapsychologie et quelques-unes de ses disciplines, ait conquis droit de cité dans des universités ou des fondations de recherche aux États-Unis ou en URSS. L’électronique la plus élaborée y vient aider des expériences que l’on classait, hier encore, parmi les jeux de bonne société. Sans être trop crédule, il faut donc se garder des préjugés. Comme nous le conseille Arthur Kœstler, essayons de regarder l’éternité par un trou de serrure dont il se pourrait bien qu’un jour il nous permette de découvrir bien davantage. ♦