Les Juifs de France à l’époque de l’affaire Dreyfus
L’histoire des Juifs de France au temps de l’affaire Dreyfus était-elle une répétition générale de ce que fut leur destin moins d’un demi-siècle plus tard ? Pierre Vidal-Naquet, préfaçant ce livre, semble reprocher cette conclusion à la thèse qu’il contient. Si l’auteur analyse le sionisme de Bernard Lazare et de Théodore Herzl, il ne le fait que pour souligner par les réticences, voire l’opposition, que cette théorie a soulevées auprès de la majorité des Israélites Français, la force de leur assimilation.
En réalité, quand éclate l’« affaire », les Juifs de France ont perdu tout sens d’appartenance à une communauté exclusive. Par opportunisme parfois, mais plus souvent par un attachement fidèle à la culture dont ils se sont nourris depuis la Révolution, par une confiance constamment manifestée dans les institutions qui leur ont rendu leur identité au sein de la nation, ils entendent affirmer, dans une atmosphère de jour en jour plus hostile, leur qualité de citoyens.
Une telle fidélité a-t-elle été payée de retour ? Michael R. Marrus, bien que de nationalité canadienne, a le droit de nous poser cette question. Son objectivité, la conscience de sa recherche, et cette sorte d’humour écorché derrière lequel se cache la sensibilité du peuple élu, réclament qu’en nous-même, nous lui répondions. ♦