La grande crise de 1929. Le capitalisme remis en question
La crise économique des années 1930 a été l’une des expériences traumatisantes de ce siècle, l’un des phénomènes historiques qui a le plus contribué à façonner le monde contemporain. Par ses dimensions et ses conséquences elle a été considérée comme une catastrophe dont les causes échappaient à l’entendement. On sait aujourd’hui à quoi s’en tenir. Jusqu’en 1929, les théories économiques datant de la reine Victoria étaient tenues pour immuables. Budget en équilibre, offre égale à la demande et libre-échange étaient les trois articles d’un credo qui avait fini par avoir force de dogme. On était persuadé alors que toute immixtion de l’État dans les affaires ne pouvait être que néfaste, que la seule morale économique valable était l’intérêt bien compris des hommes d’argent, que la crise elle-même était la conséquence inévitable de lois économiques, lesquelles, non moins inévitablement, devaient sécréter l’antidote de cette crise. Ces concepts paralysaient la volonté des hommes d’État.
Alors que la dépression se propageait et que les catastrophes financières déferlaient d’un pays sur l’autre, ils se montraient impuissants à agir efficacement. C’est cette crise, de ses débuts en 1929 à son paroxysme en 1933 (coïncidant avec l’arrivée au pouvoir de Roosevelt et de Hitler) que Goronwy Rees décrit et explique dans son ouvrage. Économie et politique, action des hommes et enchaînement des événements y sont, avec justesse, inextricablement mêlés comme ils le furent dans la réalité. On voit se développer les conséquences des facilités financières, et l’on comprend pourquoi l’édifice craque en son point le plus faible, la Bourse de New York. Il fallut l’arrivée au pouvoir de Roosevelt pour enregistrer un renversement de politique, avec le New Deal et la dévaluation du dollar. Ces événements dépassent le cadre de l’ouvrage, mais celui-ci aide à les comprendre, de même que l’on saisit mieux les conséquences politiques (notamment l’arrivée au pouvoir du national-socialisme) de cette grande crise, dont le souvenir hante encore beaucoup d’esprits. ♦