Ce que pense l’Amérique
Dans une collection intitulée « Collection de l’opinion publique », les Presses universitaires de France ont publié une œuvre fort originale, préfacée par un ancien normalien, agrégé de l’Université, M. Jean Stoetzel, qui est spécialisé dans l’étude de l’opinion et qui a donné à ce livre concernant l’opinion américaine, une préface fort suggestive. Ce livre est dédié à des chercheurs américains qui s’appellent Hadley Cantril, Harry H. Field, George H. Gallup et Elmo Roper, et sans les travaux desquels cet essai d’une psychologie politique des États-Unis fondée sur la science n’aurait pas pu être tenté. Pour la première fois, nous dit M. Stoetzel, les opinions de 90 millions d’électeurs sont établies, décrites, expliquées, reliées par un réseau logique continu, à partir de techniques objectives. Sous chaque page, sous chaque phrase on doit y retrouver, prétend-il, un substrat de faits, denses, précis, contrôlés.
L’auteur, M. Bruner, part d’une expérience étendue, met en œuvre l’observation objective des opinions, dues à huit grands organismes spécialisés dans ce genre de recherches, à commencer par l’American Institute of Public Opinion qui est le plus connu. Mais l’auteur s’est également adressé à d’autres organisations tel que l’Office of Public Opinion Research, L’enquête a porté sur des sujets pour nous vitaux : « Guerre et Paix », « L’Amérique et la politique mondiale », « Les Américains et le commerce international », « La Reconstruction du monde après la guerre », « L’opinion américaine sur la Grande-Bretagne », « La Question russe », « Le Sort de l’ennemi ». La conclusion de M. Bruner est, comme il convient à un bon Américain, optimiste. Elle admet que l’homme de la rue aux États-Unis est mal informé, mais il prétend qu’il doit être éclairé, sinon il n’est pas de démocratie possible. Si nous voulons que la démocratie survive, nous devons ressusciter son esprit. Une démocratie, c’est un peuple qui pense. Les Gouvernants doivent savoir, savoir exactement ce que pense l’Amérique.