La guerre sous-marine en Atlantique
M. Étienne Romat, nom qui paraît être le pseudonyme d’un jeune officier de Marine fort bien documenté, donne, dans son livre La guerre sous-marine en Atlantique, une esquisse de grande valeur de ce problème capital de la dernière guerre. De même que l’Allemagne avait cru pouvoir gagner la guerre de 1914-1918 par l’emploi massif du sous-marin, de même elle conserva cette illusion de 1989 jusqu’à sa défaite. M. Étienne Romat ne laisse dans l’ombre aucun des éléments de la question, pas plus stratégiques que techniques. Il montre, avec un grand nombre de chiffres à l’appui qu’il a, semble-t-il, puisés aux meilleures sources, l’effort quantitatif et qualitatif extraordinaire déployé par l’Amirauté allemande et par ses techniciens pour la construction et la multiplication de types sous-marins sans cesse plus puissants et plus perfectionnés.
Il donne, sur les méthodes stratégiques et tactiques appliquées, selon les ordres de Raeder et de Dœnitz, des aperçus aussi précis que pertinents. Grâce à lui, nous suivons le duel acharné qui se poursuivit dans l’Atlantique entre le sous-marin allemand et ceux qui finirent par être ses vainqueurs : en premier lieu les avions anglo-saxons secondés par une immense armada de navires de tous types, ayant à leur service des organisations scientifiques et industrielles, encore plus puissantes et plus ingénieuses que celles de l’Allemagne. Malgré la gravité de la menace contre le commerce allié, celle-ci finit, après une résistance opiniâtre, par céder. Septembre 1943 marque le tournant décisif de la lutte : 80 sous-marins sont perdus dans les quatre premiers mois de 1944 ; le moral de leurs états-majors et équipages ne cesse de baisser ; les inventions les plus audacieuses mais trop tardives comme le schnorkel, installé à bord des U-Boat océaniques, sont impuissantes à rétablir la situation. M. Étienne Romat ne désespère, cependant, pas de l’avenir du sous-marin et suggère que l’ère atomique verra peut-être, un jour, le retour offensif d’une arme qui n’a pas encore, selon lui, donné la pleine mesure de ses possibilités.