Prologue pour la paix
Le livre de Harold Callender qui remonte déjà à mai 1945, et qui est excellemment traduit de l’anglais par M.-L. Camus-Clavier, offre, une fois de plus, un exemple de ce dont est capable la grande presse américaine quand elle est représentée par des reporters de cette classe. Harold Callender fit des études en France en 1926. Il y revint tous les ans jusqu’en 1940, parcourut l’Europe entière, le Pacifique à la veille même de la guerre et passa une année à Washington comme correspondant diplomatique du New-York Times. Cet ouvrage est donc fondé à la fois sur des expériences vécues et sur une profonde connaissance des grands problèmes politiques internationaux.
La plus grande partie fut écrite en 1943. L’auteur le relut en 1945 avant de le publier, au moment où la Russie et les puissances occidentales avaient abouti à Yalta à un accord, qui s’est d’ailleurs révélé, à bien des égards, inopérant. Harold Callender s’exprime, d’ailleurs, avec la plus entière liberté, aussi bien vis-à-vis de ses amis étrangers que des autorités américaines.
On trouve dans son livre plusieurs analyses émouvantes de véracité, de grandes crises auxquelles il a assisté, notamment en Afrique du Nord, il ne mâche pas ses mots. À la fin de son ouvrage, quand il conseille aux hommes responsables de la politique des États-Unis, les solutions économiques et politiques qui lui paraissent s’imposer, si ceux-ci veulent jouer dans le monde le rôle qui leur paraît réservé. En tout cas, il est particulièrement touchant d’entendre un ami de cette qualité rendre hommage à la France, avoir confiance dans la renaissance de son économie et de sa capacité industrielle, et surtout, dans le rôle sans égal qu’elle est appelée à jouer « dans la marche du monde vers une forme de civilisation qui pourrait surpasser de beaucoup celle qui a existé jusqu’alors, soit dans une Europe moins livrée au machinisme, soit dans une Amérique qui l’est davantage. »