Éclipse était le nom conventionnel par lequel les Anglo-Saxons désignèrent l’opération qui devait aboutir à l’occupation de l’Allemagne. Dans un livre alerte, documenté, où se mélangent agréablement les anecdotes personnelles et les récits historiques de combats, Alan Moorehead, un des meilleurs correspondants de guerre britanniques, décrit, sous ce titre, la dernière partie de la guerre qu’il a suivie aux côtés des troupes américaines et britanniques. La première partie, le « premier quartier » de l’éclipse, concerne la chute de l’Italie, du débarquement en Sicile à la prise de Rome. Le « deuxième quartier » est relatif à la bataille de France, de l’invasion à l’opération d’Arnhem. Le troisième rapporte la bataille du Rhin, de l’offensive désespérée de von Rundstedt dans les Ardennes à la jonction de Torgau entre les Américains et les Russes. La quatrième, enfin, décrit les diverses capitulations auxquelles a assisté l’auteur, les camps de concentration qu’il a visités et la libération du Danemark et de la Norvège.

Éclipse est un livre particulièrement émouvant, car Moorehead s’est intéressé, non seulement à la vie et à la psychologie des soldats avec lesquels il vivait mais également à celles des populations libérées par l’avance alliée. Les réactions des Italiens, celles des Français, celles des Allemands, celles des Hollandais, des Danois et des Norvégiens sont finement ou profondément étudiées. Les chapitres relatifs au débarquement en Normandie, à la libération et à la vie de Paris sous l’occupation, sont particulièrement remarquables pour l’intelligente compréhension dont ils font preuve à l’égard de notre pays.

Alan Moorehead est plus qu’un reporter. C’est un véritable artiste qui sait à la fois donner un visage impressionnant des batailles modernes, et un tableau lucide de l’arrière-plan politique des opérations. Il a assisté à un grand nombre de « moments historiques » et il a su les décrire. Il convient de lire non seulement Éclipse, mais aussi les trois ouvrages précédents de cet écrivain parus chez le même éditeur : Mediterranean Front, A year of battle et The end in Africa.