Charles Maurras et l’idéologie d’action française
Quelles sont les origines de l’Action française ? Quelle est la nature de sa démarche politique ? Telles sont les questions auxquelles s’efforce de répondre l’intéressante étude de Colette Capitan Peter. Les nationalismes, issus des humiliations de 1370 ou de déchirements tels que celui de l’Affaire Dreyfus, n’avaient pas mis en cause la légitimité du Régime. La Ligue maurassienne va rompre avec cette tradition en mettant en jeu l’existence même de la République et déclarant travailler à la combattre. La Grande Guerre, l’après-guerre, les années vingt et trente, justifient le maintien et le renouveau de la doctrine du « nationalisme intégral ».
Mais, en dépit du soutien de l’extrême-droite d’obédience catholique, le mouvement, condamné par l’Église, voit s’appauvrir ses rangs dès 1926. En 1937, son désaveu par le prétendant, alors le duc de Guise, lui fait perdre son point d’ancrage, la « coquille », comme le dit Maurras, qu’était la monarchie.
Moribonde, l’Action Française que fascine la mystique nationale-socialiste, va trouver dans la défaite de 1940 la justification de son manichéisme et un stimulant à son délire. Elle finira par sombrer dans le vichysme collaborateur antisémite et anticommuniste. Ce n’est pas là le moindre de ses contradictions. Mais les extrémismes, qu’ils soient de droite ou de gauche, s’alimentent de leurs paradoxes et se tonifient de leurs anathèmes. Ce livre vient à point nommé pour nous le rappeler. ♦