Une nouvelle maladie mentale en URSS : l’opposition
« Le Gouvernement soviétique a mis au point un nouveau système destiné à éliminer ses opposants politiques, un système que n’avaient même pas imaginé les coryphées de l’Inquisition, ni les cannibales de la terreur hitlérienne et stalinienne ».
Vladimir Boukovsky pour l’avoir dénoncé dans ce dossier que présente Jean-Jacques Marie en est à son tour la victime. Mais combien d’intellectuels ont été internés avant lui, le sont et le seront encore dans des asiles d’aliénés où se mêlent dans la plus atroce promiscuité les déments réels et ceux qui ont le lucide courage de s’élever contre l’arbitraire.
Car dans la Russie d’aujourd’hui, c’est folie que de refuser. Feinberg, Grigorenko, Iakhimovitch, Borissov, Kuznetsov, et tant d’autres ont comparu devant ces experts dont les blouses blanches cachent trop souvent les uniformes du KGB. Paranoïa, schizophrénie, symptômes psychotiques, altérations psychiques, psychopathie chronique, alimentent le jargon profus de ces vrais ou faux thérapeutes. Mais quels que soient les syndromes constatés, les conclusions sont toujours identiques, glacées, tranchantes comme des verdicts : État mental nécessitant un traitement forcé dans un hôpital spécialisé. La déontologie est ainsi constamment bafouée. L’activité des médecins psychiatres se transforme en l’instrument effrayant d’une « antimédecine », c’est-à-dire une médecine qui tue au lieu de guérir, car il est des traitements et des remèdes qu’un corps sain ne peut supporter.
Des rumeurs commencent à sourdre cependant des sinistres instituts de Serbski, de Tachkent, de Tcheniakovsk. L’on ne peut rester insensible à ces appels à l’aide, à ce cri de détresse que lance à notre monde encore libre, Vladimir Boukovsky. L’on ne peut lire enfin l’interrogatoire absurde de G.-M. Chimanov sans évoquer le tribunal qui, il y a plus de cinq siècles à Beauvais, condamna au bûcher celle que l’on accusait de mal croire. ♦