La drôle de guerre
Du 2 septembre 1939 au 10 mai 1940, la « drôle de guerre » apparaît comme une sorte de temps vide, un cas-limite où l’action est suspendue. Aussi, en révélant la réalité qui se cache sous ce vide apparent, cet ouvrage apporte-t-il une contribution appréciable à l’histoire et à la science politique. D’une part, c’est la première fois que nous avons une étude en profondeur sur cette période qui annonce et éclaire la défaite, d’autre part, en analysant la vie politique, l’auteur pose le problème de la résistance des structures et des cadres de la vie démocratique (Parlement, partis, opinion, presse) à l’œuvre de la guerre.
L’intérêt et l’originalité de cette étude tiennent dans la comparaison qu’il fait avec les débuts de la Première Guerre mondiale. Procédant à une analyse statistique des lois et décrets ainsi que des termes de leur vocabulaire, l’auteur souligne ainsi le recul de l’initiative d’une période à l’autre.
La guerre de 1939 et ses antécédents, comme la guerre d’Espagne, le Front populaire, la crise de Munich, opèrent de nouveaux clivages dans les opinions qui transgressent ainsi les barrières des partis. Cette désorganisation des cadres de pensée habituels explique le malaise de la période. L’histoire des mentalités collectives et l’histoire de l’idéologie politique s’éclairent mutuellement : il n’y a pas de séparation absolue entre l’histoire politique et la conduite des opérations militaires.
L’ouvrage retrace utilement les portraits d’acteurs politiques tels que Édouard Daladier, Paul Reynaud, Pierre-Étienne Flandin, et il établit une chronologie enfin exacte, on peut l’espérer, grâce à la confrontation des sources. ♦