Histoire de l’or
L’or a toujours passionné les économistes et les polémistes, les orfèvres et les numismates, mais c’est la première fois qu’il attire un historien, et René Sédillot a écrit la première « Histoire de l’or ». Le sujet était considérable. René Sédillot ne pouvait traiter de l’or au XVIe siècle ou des problèmes de l’or au XXe sans évoquer les conditions dans lesquelles il est apparu dans l’histoire des hommes, il ne pouvait traiter de l’or-bijou en ignorant l’or-monnaie, ou de l’étalon-or en ignorant l’or-fétiche. Ceux des économistes qui considèrent l’or comme une marchandise oublient qu’il est d’abord une passion ; les tenants du matérialisme sont désorientés par les hasards qui ont jalonné son histoire ; les philosophes qui dénoncent son prestige comme relevant d’un mythe oublient que c’est ce mythe qui fait son prix ; les moralistes qui affirment que la valeur de l’or ne tient qu’à la folie des hommes oublient que cette folie est millénaire…
René Sédillot s’est efforcé de ne négliger aucun des facteurs de cette histoire, qui s’ouvre avec l’or-fétiche pour se poursuivre sous nos yeux avec l’or-réserve. Sous la plume d’un historien qui ne serait pas économiste, cette histoire aurait pu n’être qu’anecdotes. Sous la plume d’un économiste qui ne serait pas historien, elle aurait pu n’être que statistiques. Elle est « le roman chiffré d’une passion ». Cent mille tonnes d’or ont été produites en sept mille ans. Que sont-elles devenues ? Quarante-sept mille sont dans les encaisses publiques, trente et un mille dans les encaisses privées, vingt-deux mille sont passées entre les mains des industriels, les bijoutiers, des dentistes, des artistes, etc. Telle est l’étonnante équation de l’or – en quatre chiffres un résumé de l’histoire des hommes. Que sera l’or demain ? Une simple matière industrielle ? La seule monnaie internationale ? Un élément essentiel du futur système monétaire ? On peut en discuter, mais à condition d’être informé, et tel est l’objet de l’ouvrage de René Sédillot. ♦