Histoire de l’Inde
L’actualité vient d’ajouter à ce livre un tragique appendice. L’Inde, il est vrai, n’en est pas à un déchirement près et le drame dont elle vient d’être le théâtre, si affligeant soit-il, ne modifiera pas de façon essentielle le modèle qu’ont façonné des millénaires d’histoire.
En fait, s’agit-il bien d’histoire ? L’Inde, nous dit Alain Danielou, est un musée de civilisations. L’âge de la pierre y est confondu avec celui de l’atome, et l’outil de silex des tribus Khazi voisine avec la machine tranfer de la Tata Iron and Steel Company.
L’on ne trouvera donc pas ici une chronologie rigoureuse, des récits de batailles, de conquêtes, de révolutions mais une sorte de « livre des rois » où les lignes dynastiques s’estompent dans la permanence des institutions. « Livre de l’homme » plutôt où se croisent, se rencontrent, s’opposent, s’interpénètrent tous les mythes, toutes les religions, toutes les cultures, toutes les techniques à ce point que l’on ne distingue plus dans le somptueux broché de l’indianisme, le fil pris du fil laissé, la trame de la chaîne.
De sa protohistoire à son indépendance, malgré la profusion des influences, c’est la pérennité de l’Inde que l’auteur de cet excellent ouvrage veut nous prouver. Après les incertitudes que laisse planer une conclusion un peu abrégée, l’on peut espérer que la « Mother India » trouvera dans ses traditions, des raisons de préférer la paix à l’autodestruction et l’équilibre intérieur aux vanités d’une civilisation encore balbutiante comparée à la sienne. ♦