Ô Jérusalem
Novembre 1947 : les Nations unies votent le partage de la Palestine en un État arabe et un État juif. Mais 1948 : les Anglais abandonnent leur mandat sur ce territoire. La proclamation de l’État d’Israël ouvre un conflit qui depuis plus de vingt ans sourd et explose au rythme de pulsions incontrôlables.
Ô Jérusalem nous raconte cette éruption dont le monde entier pouvait percevoir les grondements prémonitoires, mais dont il ignorait quelles seraient la violence et la durée. Ces grondements, Dominique Lapierre et Larry Collins nous les font écouter, mêlés aux fracas des premiers attentats terroristes et aux crépitements des embuscades. Puis ils nous décrivent « la Ville » peu à peu recouverte de ses cendres, peu à peu envahie par les coulées de la Légion arabe… et son silence accablé dans les touffeurs de juillet.
600 pages ! Un bien gros livre, dira-t-on, pour quelques jours d’histoire. Certes, mais à ceux qui les ont vécus, ces jours-là ont dû paraître des siècles. Que ce soit dans les caves de la vieille ville, aux créneaux des kibboutz, à l’abri des blindages illusoires des camions de Tel Aviv, ou bien dans l’autre camp, à l’affût des convois, dans l’attente exaspérée de la bataille que les atermoiements et les dissensions diffèrent, les acteurs de ce drame sont si minutieusement mis en scène, leur action si bien dirigée que nous vivons avec eux dans leurs décors de ruines, leurs angoisses et leurs espoirs.
De la petite histoire, dira-t-on encore ! Mais c’est dans la quotidienneté que la péripétie fait l’événement, un événement dont les prolongements menacent aujourd’hui notre paix.
Dominique Lapierre et Larry Collins réussissent la gageure, durant le trop court instant de lecture qu’ils nous offrent, de faire communier les tenants des deux partis dans une même émotion.
Le dossier qu’ils ont ouvert pour nous mérite bien le succès qu’il remporte. ♦