Vie et mort des Français – 1939-1945
Cette œuvre collective est composée d’un certain nombre d’articles, de textes et de documents photographiques réunis et présentés par Jacques Meyer. Il s’agissait dans l’esprit de celui-ci, comme il nous l’explique dans sa préface, de donner une suite à Vie et mort des Français 1914-1918 dont il avait été l’un des trois coauteurs et qui avait remporté, il y a une dizaine d’années, un assez vif succès. Il n’est pas certain que la réussite cette fois soit aussi complète.
La valeur et l’intérêt des articles réunis n’est pas en cause : ils sont, presque tous, intrinsèquement excellents. Et cela d’autant plus, que les auteurs mis à contribution ont été laissés absolument libres, chacun dans sa sphère, et dans la situation géographique où il était placé, de dire sans aucune réticence ce qu’ils ont observé du comportement des Français et des Françaises au cours des cinq années de la dernière guerre.
Mais, cette liberté, certes profitable aux performances individuelles, n’a pas manqué de donner à l’ensemble de l’ouvrage un caractère quelque peu décousu, fragmentaire et heurté qui nuit à son unité et par conséquent à son impact sur le lecteur.
Jacques Meyer, sans aucun doute, prévoyait cette objection. Aussi a-t-il essayé, fort intelligemment, d’y répondre d’avance en assurant lui-même la liaison entre les matériaux disparates apportés sur le chantier, par le moyen d’articles de transition, de notes au bas des pages qui renvoient d’un chapitre à l’autre, et d’une excellente chronologie générale des événements.
Il est conscient néanmoins que cet effort pour cimenter l’ouvrage n’emportera pas l’adhésion de tous ses lecteurs. Aussi nous signale-t-il un autre centre d’intérêt, à vrai dire très réel celui-là, de son entreprise : il nous propose de porter notre attention sur les divergences d’opinions et de points de vue, sur les contradictions et sur les démentis que s’infligent plus ou moins consciemment les différents membres de son « équipe ». Nous touchons ainsi du doigt, en quelque sorte, ce que fut la vraie tragédie de cette époque troublée de notre histoire, où un idéal et une ferveur pourtant communs à tous les Français les poussaient à vivre et à mourir avec le même courage, souvent désespéré, pour des causes radicalement inconciliables. ♦