L’économie chinoise
En 1971, ce n’est qu’à 100 millions d’habitants près que l’on peut évaluer la population chinoise. C’est dire si la Chine populaire demeure encore un « continent inconnu », tant au point de vue économique qu’au point de vue démographique. Et la Révolution culturelle n’est pas venue arranger les choses, du moins pour les observateurs étrangers : outre qu’elle a transformé le pays en un véritable camp retranché, on s’interroge encore sur ses conséquences.
Jean Deleyne, économiste et journaliste, a pourtant tenté – avec succès – de dresser ce premier tableau économique d’ensemble de la Chine : l’absence de statistiques ne l’a pas arrêté. Il les a remplacées par des recoupements et des observations directes – celles surtout d’hommes d’affaires, d’ingénieurs et de scientifiques qui ont fait de nombreuses visites d’usines et de communes populaires. Et, comme il le souligne lui-même, la vérité réside moins dans les chiffres, inévitablement approximatifs, que dans les témoignages vécus d’observateurs qui savent en comprendre la réalité économique et sociale.
Mêlant avec bonheur le détail et la généralisation, c’est à comprendre et interpréter la croissance économique de la Chine que s’attache l’auteur. Cela l’amène à poser le problème essentiel, par-delà les conséquences encore mal connues de la Révolution culturelle : celui du poids de la Chine moderne dans le monde actuel. Devenue une grande puissance, la Chine subordonne-t-elle souvent sa croissance économique à des objectifs militaires ? Va-t-elle suivre la voie de l’URSS et abandonner son messianisme révolutionnaire, dont elle prétend qu’il est lié à sa force économique et stratégique ?
Un ouvrage indispensable, peut-être même un ouvrage de référence, tant l’auteur refuse les facilités aussi bien de l’apologie inconditionnelle que de la critique systématique. ♦