Les Révolutions de 1848
Depuis 1848, Paris n’est plus la « capitale de la Révolution ». En effet, l’insurrection parisienne est loin d’avoir joué dans l’éclosion du « printemps des peuples » un rôle aussi déterminant que la prise de la Bastille dans les crises révolutionnaires de 1789 à 1815. La sève de ce « printemps » nous dit Jacques Godechot a jailli de Sicile et non de France, mais par le relais parisien elle a gagné toute l’Europe occidentale et centrale et sa poussée s’est prolongée bien au-delà d’une saison.
Voilà mises à mal bien des idées reçues. Nous savons à présent que « 1848 » est la phase finale d’un grand mouvement révolutionnaire né 80 ans plus tôt d’une évolution galopante aux plans démographique, agricole, industriel et social, nourri d’un bouillonnement d’idées dont une désinence commune est le commun dénominateur. L’Europe dans ce milieu de XIXe siècle est donc une poudrière qu’une étincelle peut faire sauter.
Jacques Godechot, avec une rigueur toute scientifique démonte pour nous le déclenchement de cette explosion et nous explique aussi pourquoi son mécanisme a fait long feu, étouffé par la réaction.
Peut-on affirmer pourtant que 1848 a échoué ? Cette révolution n’a été que l’accomplissement et non le dépassement de 1789 car si elle a pu consolider ici, asseoir ailleurs, les principes de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », elle n’a pas permis le triomphe des idéologies nouvelles. Mais, conclut Jacques Godechot, cet échec lourd d’enseignements sera médité et aboutira à un nouveau cycle révolutionnaire dont les signes précurseurs apparaîtront en France, en 1871 avec la Commune de Paris, en Russie en 1905.
On lira sans efforts ce livre clair, précis, vivant, toujours objectif, indispensable à notre connaissance d’un événement dont nous n’avions que trop tendance à penser qu’il ne concernait que nous. Des témoignages contemporains presque inédits viennent illustrer cette remarquable analyse. ♦