Acteurs et données de l’histoire. T. I
Le nouvel ouvrage de Léo Hamon a tout le sérieux et toute la densité – parfois synonyme de lourdeur – d’un traité de sociologie en bonne et due forme : le plan en est rigoureusement logique, les idées s’enchaînent bien, chacune est à son aise dans le chapitre qui lui est consacré, comprenant, comme il se doit, introduction, exposé proprement dit et conclusion.
Des ouvrages de cette sorte bénéficient, en règle générale, d’une présentation volontairement austère : format in-8, bibliographie abondante, index, notes, etc. Ce n’est pas le cas de celui-ci qui est édité plutôt comme un livre de poche (sauf pour le prix) avec, sur la couverture, une « composition » abstraite sans rapport, semble-t-il, avec le sujet. Ce modernisme et cette « allure jeune » ont sans doute été voulus par l’auteur, comme par l’éditeur, pour suggérer qu’il s’agit d’un ouvrage voué à une relativement large diffusion. Car, en fait – et nous en sommes prévenus dès les premières lignes – le livre déborde assez largement le cadre d’un traité scientifique puisqu’il « a été écrit au carrefour de deux expériences », celle de l’enseignant, bien entendu, mais celle aussi de l’homme politique, engagé dans l’action.
Dès lors, ainsi éclairé, le lecteur n’a plus les mêmes exigences et se sent d’avance disposé à concéder à l’auteur le droit d’introduire dans ses raisonnements des éléments affectifs et même passionnels. Mieux, il s’y attend et souhaite que la lecture lui procure, suivant son propre tempérament politique, quelques sujets d’indignation ou de satisfaction. Disons tout de suite que cet espoir sera déçu, car ce à quoi s’attache presque exclusivement Léo Hamon est de démonter les différents mécanismes politiques que son expérience l’a mis à même de bien connaître, sans porter sur leur fonctionnement, ni sur leur finalité d’appréciations qui pourraient être soupçonnées de subjectivisme ou de parti pris. Ces démontages, ainsi que l’examen des composantes mises à jour, sont très habiles, parfois ingénieux et toujours intéressants, surtout lorsqu’ils sont vivifiés par des références historiques, bien choisies, sinon toujours, croyons-nous, judicieusement interprétées.
Nous sommes donc en présence d’un livre qui ouvre un large champ à la réflexion, qui s’interdit toute polémique et qui, s’il était un peu plus allègrement écrit, pourrait effectivement atteindre un assez large public. ♦