Le vieux chef. Mémoire et pages choisies
En juillet 1940, un officier de cavalerie motorisée qui, avec ses chars, avait tenu tête aux Allemands, tire les conclusions de la défaite : il faut reconstruire une société, et pour cela il faut refaire des hommes. Ce capitaine de 34 ans qu’on baptisera « le Vieux Chef », installe une École des Cadres qui va devenir un haut lieu de la fidélité française. À Uriage, on expérimente une vie communautaire et des méthodes pédagogiques globales, on recherche la voie d’un humanisme capable d’affronter les révolutions du XXe siècle.
Puis, c’est la Résistance, les maquis, la 1re Armée… Après la guerre, Segonzac revient à sa vocation de formateur de la jeunesse, en Algérie, puis à l’État-major interarmées, enfin à l’Union française des centres de vacances et loisirs (UFCV).
Ce soldat qui s’entourait d’intellectuels, ce chevalier qui mena la guerre de partisans, cet homme de l’ancienne France qui sut constamment innover… Telle est l’énigme d’une personnalité dont la séduction a marqué tant d’esprits dans les milieux les plus divers et qui se révèle ici, à travers des Mémoires qui témoignent en même temps pour une époque. Quelques pages choisies sur les thèmes préférés de Segonzac complètent les Mémoires. Les témoignages qui terminent ce livre apportent la preuve d’un rayonnement et d’un enseignement qui doivent vivre encore aujourd’hui, s’il est vrai qu’au sein d’une société en contestation, la question se pose, plus que jamais, de donner un sens à la vie.
Ajoutons que le général de Segonzac (1906-1968) a écrit d’un style particulièrement vivant, avec beaucoup d’humour, des Mémoires dont la rédaction, du fait de la disparition prématurée du général, s’interrompt malheureusement au début de 1945 : très attaché aux traditions, il y relate sa jeunesse marquée par la guerre de 1914-1918 et sa vie de jeune officier jusqu’en 1940, puis l’aventure d’Uriage et la poursuite de son action de « rassembleur » dans la clandestinité, des maquis du Tarn à la 1re Armée.
Après la guerre, Segonzac continua à se montrer un précurseur soucieux de forger « un homme nouveau dans un monde nouveau » aussi bien dans l’Armée où il continua à servir jusqu’en 1963, qu’au Service de formation des jeunes en Algérie (SFJA), aussi bien pour l’aide au développement du Tiers-Monde que par la formation de nombreux animateurs de la jeunesse française, tâche qu’il mena de 1963 à 1968. Les textes présentés en « Pages choisies » témoignent de sa pensée et de son action de novateur toujours tourné vers l’avenir, mais résolu « à sauvegarder du passé ses valeurs essentielles et éternelles ». ♦