Barras, roi du Directoire
Il demeure difficile de porter un jugement équitable sur Barras ; le mobile de ses actes reste souvent mystérieux ou offre matière à de nombreuses interprétations entre lesquelles on ne peut trancher objectivement, faute de preuves flagrantes, voire de présomptions suffisamment assurées. Le mérite de l’auteur est de ne pas cacher l’impossibilité dans laquelle il se trouve fréquemment d’interpréter de façon satisfaisante les motifs qui ont inspiré son héros.
Écartant toutes les anecdotes dont fourmille la vie de Barras, parlant peu de sa vie intime, Jean-Paul Garnier s’est consacré surtout à son œuvre politique. Il est amené à brosser ainsi, à travers le personnage, l’image d’une époque fertile en événements. Le jugement sur Barras est nuancé et beaucoup moins sévère que ceux qu’ont portés d’autres biographes ; il montre l’ancien Directeur au centre des intrigues mais ne sachant pas les dominer, s’il excelle à les conduire jusqu’au point où il perd leur contrôle ; dévoué à la République, malgré des infidélités passagères que l’époque excuse ; hanté par la haine de Napoléon qui a su imposer sa volonté aux événements, mais incapable de le combattre efficacement. En somme, un homme aux qualités incomplètes, mais que les circonstances ont conduit à rendre des services au pays. ♦