Paris libre 1871
Le nouveau volume de l’excellente collection que dirige au Seuil Jacques Julliard n’est pas une nouvelle histoire de la Commune, mais avant tout un choix de documents mis en perspective et coordonnés par un commentaire qui vise à en faire saisir toute la signification et la portée dans le déroulement de la tragédie du printemps 1871 : proclamations, affichages, articles de journaux, discours, procès-verbaux de séances du Comité Central des vingt arrondissements, archives de la Garde nationale, etc. S’y ajoutent des statistiques et des analyses sociologiques permettant de mieux définir l’acteur principal du drame, le peuple de Paris.
Ces textes s’ordonnent autour de quatre thèmes essentiels : l’origine et la formation progressive du concept de la Commune, les hésitations de la révolution – à la fois sursaut patriotique et réflexe de défense des libertés fondamentales –, l’œuvre de la Commune et enfin les hommes que l’auteur du Procès des Communards (Éditions Julliard) préfère appeler aujourd’hui les « Communeux ».
En choisissant un tel mode de présentation, Jacques Rougerie encourait un risque, celui de voir l’architecture de son projet alourdie des matériaux dont il prenait la charge. Il l’a élégamment surmonté et son livre est, d’un bout à l’autre, d’une lecture aisée et même passionnante, le lecteur restant toujours parfaitement libre d’absorber tout ou partie des textes qui lui sont offerts et dont le choix est d’ailleurs toujours pertinent. Une substantielle bibliographie également bien ordonnée en fonction des divers centres d’intérêt font de ce livre un excellent instrument de travail. Paris libre 1871 mérite un très large succès. ♦