Premiers sur la Lune
Personne, évidemment, n’a oublié la fantastique épopée des premiers hommes qui ont posé le pied sur la Lune, le 20 juillet 1969, à 3 heures 56, heure de Paris. Ce livre retrace en détail le célèbre voyage, sous sa forme anecdotique, qui inclut de nombreuses données techniques et scientifiques, présentées d’ailleurs dans un langage de vulgarisation accessible à tout lecteur. Il fournit d’amples détails sur les trois hommes, leur vie, leur formation, leur famille. Il reproduit une partie des conversations échangées entre les astronautes et la base de Houston et décrit les réactions des épouses et des parents d’Armstrong, Collins et Aldrin pendant le déroulement de l’expérience.
Mais au-delà de ces données où la grande et la petite histoire se mélangent intimement, cet ouvrage permet de prendre conscience de l’univers nouveau dans lequel entre l’humanité et que ce voyage concrétise en quelque sorte. C’est un monde de pensées, d’attitudes, de réflexes nouveaux qui apparaît. Le vocabulaire courant ne suffit plus à traduire les besoins des échanges entre les hommes ; en dehors du vocabulaire purement technique, indispensable à la conduite de l’entreprise, nous découvrons une nécessité nouvelle de concept et d’expression dont l’évidence nous a paru aveuglante à la lecture de ces nombreuses pages. Lorsque nous avions suivi l’exploit, au fur et à mesure qu’il se réalisait, nous étions subjugués par le caractère irréel de sa réalité ; en lisant le livre, avec un recul d’une année, nous sommes mieux disposés à en comprendre la signification qu’il comporte.
L’épilogue écrit par Arthur C. Clarke nous ouvre d’ailleurs des horizons immenses, à l’échelle du cosmos, sur les conséquences à long terme des vols spatiaux. Tout ce que découvre l’auteur ne se réalisera peut-être pas : l’imagination se refuse à croire qu’un jour viendra peut-être où les hommes pourront modifier la structure même du système solaire. Mais sans essayer de voir aussi loin, elle admet fort bien que le temps n’est pas si éloigné où seront créés des usines et hôpitaux en apesanteur, des bases lunaires ; il ne s’écoulera pas trente ans, prédit l’auteur, avant qu’un enfant naisse dans l’une de celles-ci.
Cet ouvrage mérite d’être lu, non seulement parce qu’il raconte un des exploits les plus extraordinaires de tous les temps, et dont nous avons été les témoins émerveillés, mais aussi parce qu’il esquisse ce que pourrait être un monde prochain si différent de celui dans lequel nous continuons de vivre. ♦