Histoire sociale de l’Occident médiéval
Les sources sur lesquelles peut s’appuyer une histoire sociale du Moyen-Âge en Occident sont encore bien incertaines ; une documentation, abondante dans certaines de ses parties, existe bien dans les archives, mais n’a pas encore été exploitée. C’est donc une entreprise difficile de traiter de la question, surtout sous la forme d’un manuel, même d’enseignement supérieur.
En fait, l’ouvrage de Robert Fossier est davantage une thèse sur l’évolution de la société pendant un millénaire qu’un développement progressif et bien équilibré de connaissances certaines ; parce qu’elle repose sur une série d’hypothèses et non sur des preuves formelles que l’état de la science historique ne permet pas actuellement de réunir sur la matière, elle a le caractère de toute recherche de pointe : la hardiesse, tempérée cependant par le souci de demeurer dans les limites d’un « manuel », la forme synthétique malgré un texte fort long, la fragilité de conclusions qui ne peuvent être encore affirmées. Provenant d’une symbiose entre le monde romain et le monde barbare, fortement marquée par les conceptions et les émotions religieuses, s’affranchissant lentement des contraintes imposées par la morale et la technique, la société médiévale évolue d’une organisation rurale vers une stratification en classes sociales dont l’opposition se manifeste de plus en plus nettement.
Que le lecteur adopte ou rejette la thèse, il n’en trouvera pas moins une riche moisson de connaissances dans ce livre dense qui présente l’histoire sociale de notre monde de façon très personnelle et fort intéressante. ♦