L’héritage des Kennedy
On comprend mal les raisons qui ont incité l’auteur à présenter son ouvrage sous la forme de trois très longs chapitres, à l’intérieur desquels les questions les plus diverses sont abordées. Cette disposition rend difficile la lecture du livre, par ailleurs certainement l’un des plus significatifs sur le passé récent et l’avenir prochain des États-Unis. Outre le tribut d’admiration et d’affection qu’il était normal qu’un collaborateur intime des Kennedy paie à la mémoire des deux frères assassinés, on trouve au long de ces pages le témoignage d’une foi vibrante dans les possibilités que devraient avoir les États-Unis de se transformer eux-mêmes et de transformer le monde. L’héritage des Kennedy, c’est d’abord un message d’amour universel, et la référence à trois grands principes : la justice pour tous, notamment pour les catégories sociales et les peuples les plus défavorisés, la liberté pour chacun de vivre à sa guise et selon ses propres convictions, enfin la notion de la responsabilité de notre époque de mutations vis-à-vis des prochaines générations. C’est aussi l’application de ces principes, dans un climat de refus de l’action violente et dans la certitude que les hommes doivent pouvoir s’entendre pacifiquement, sans recourir aux armes pour dénouer les inévitables crises auxquelles conduit le jeu normal des relations internationales.
L’auteur aborde un nombre considérable de questions que nous ne saurions toutes retenir ici. Bornons-nous à souligner à quel point il insiste sur les rapports entre le pouvoir suprême et les autorités militaires, celui-là devant se garder de suivre aveuglément les suggestions de celles-ci qui tendent tout naturellement à proposer des solutions inspirées de la technique qu’elles connaissent et ont tendance à appliquer étroitement, sans se référer aux autres aspects des problèmes mondiaux.
L’ouvrage se termine par un long chapitre consacré à ce que devrait et pourrait être la politique américaine, dans la ligne de ce qu’aurait vraisemblablement été la politique des Kennedy. À lui seul, ce chapitre mériterait une longue analyse, car il examine l’ensemble des questions internationales en cours.
Livre touffu, mais extraordinairement riche d’idées, il est un bon exemple de ce que peut être l’application à l’avenir d’une suite de réflexions inspirées du passé vécu. ♦