La chute de la royauté
La Révolution n’a pas fini de passionner les chercheurs et les lecteurs. Nous avons été tellement nourris de cette histoire, au cours de nos études, que nous éprouvons un sentiment d’actualité devant une suite d’événements dont les grandes lignes nous sont familières, mais dans le détail desquels nous sommes toujours avides de pénétrer pour les mieux comprendre. L’ouvrage de Marcel Reinhard ne déçoit pas notre attente.
Sa thèse est que la chute de la Royauté et par la suite la proclamation de la République n’ont pas été nécessairement complémentaires. La France ne désirait pas abolir le régime sous lequel elle vivait depuis des siècles. Se serait-il trouvé un haut personnage qui eût pu remplacer Louis XVI ou l’eût voulu, la monarchie aurait pu continuer sous une forme constitutionnelle. Mais l’événement a dominé les hommes ; devant le vide du trône, dès la fuite de Varennes, et plus encore au cours des journées qui ont abouti à celle du 10 août, la Révolution véritable, c’est-à-dire le changement total de régime, le passage dans les faits des théories des philosophes, ont pu s’effectuer. Illusions généreuses, calculs de risques, intérêts personnels, tout s’est mélangé et combiné dans cette période de quelques mois pour créer, dans sa véritable grandeur, le phénomène révolutionnaire. La démocratie, en lente gestation depuis des années, a été libérée brusquement, entrant en même temps dans l’histoire et dans la légende.
De fort importantes annexes accompagnent le texte et le complètent heureusement. En résumé, un livre qui appelle la lecture et suscite la réflexion. ♦