De Saint-Pétersbourg à Rome
Les souvenirs de l’auteur opposent deux périodes et deux façons d’être de la diplomatie. Avant la Seconde Guerre mondiale, le monde diplomatique jouait un rôle que l’éloignement des capitales rendait important ; vivant « à part », formant une sorte d’aristocratie internationale à l’intérieur duquel chaque diplomate défendait pourtant avec attention les intérêts de son pays, il procédait de la « belle époque » ; pour parodier une expression connue, c’était une « diplomatie en dentelles », quelle que fût la vigueur des luttes engendrées par les rivalités nationales. Après la guerre, les dirigeants se rencontrent personnellement ; les ambassadeurs ont une activité qui n’est plus du premier rang, mais qui reste cependant capitale dans les innombrables domaines de l’économie et de la culture, pour lesquels leur action par la présence demeure indispensable. L’auteur a eu l’heureuse fortune de vivre les deux époques : la première, en accompagnant son père, ambassadeur de France à Lisbonne, à Athènes, à Bruxelles ; la seconde par lui-même, lorsqu’il représentait la France en Argentine et à Rome.
Le ton de l’ouvrage est charmant, à la fois par son style, par les mille anecdotes dont il est égayé, par les réflexions que l’auteur fait sur ses activités. On ne trouvera ici aucune révélation ; il s’agit de souvenirs personnels, et non d’études sur la politique ou les relations internationales. Le lecteur peut se laisser aller à l’agrément de lire un ouvrage dont on sent que l’auteur a aimé écrire les chapitres. C’est une heureuse rencontre et comme une complicité entre l’écrivain et le lecteur. ♦