Mémoires d’une Européenne. T. II : 1919-1939
Nous avions déjà signalé en mai 1969 la parution du premier volume des Mémoires d’une Européenne de Louise Weiss. De ce deuxième tome, nos lecteurs ont eu la primeur du chapitre où l’auteur rapporte l’entretien qu’elle eut avec Tchitchérine (Revue de Défense Nationale d’août-septembre 1969) lors d’un voyage qu’elle fit à Moscou en 1921, dans cette République socialiste fédérative des Soviets, alors en proie à une effroyable misère et encore pleine de rancœur à l’égard des Alliés qui venaient de soutenir Wrangel et Koltchak. Il fallait du courage à une jeune journaliste de 28 ans pour affronter tous les périls qu’impliquait un tel voyage. Elle fut tentée – elle ne le cache pas – par la IIIe Internationale et la première partie de l’ouvrage s’achève sur l’interrogation : « Genève ou Moscou ? ». Mais c’est définitivement à « L’apostolat pour la Société des Nations » (c’est le titre de la deuxième partie), qu’elle va se vouer jusqu’au moment où, en février 1934, après lui avoir tout sacrifié de sa vie intime, elle en constate la faillite.
À mesure que passent les années et que se dégradent les institutions de la SDN nous voyons défiler une nouvelle galerie de portraits célèbres dont émerge la haute figure d’Aristide Briand, le « pèlerin de la paix ».
En évoquant cette bataille perdue, Louise Weiss une fois encore touchera les âmes, mais il fallait bien tout le brio et même l’ironie mordante de celle qui fut la directrice militante de L’Europe nouvelle pour le faire d’une plume tellement alerte, qu’elle parvient presque à faire oublier l’amertume que pourrait susciter cette évocation. ♦