La paix en Europe
Les thèses de Willy Brandt, ancien ministre des Affaires étrangères et maintenant chancelier de la République fédérale allemande (RFA), sont connues de tous nos lecteurs. Ce livre, écrit en 1968, les rassemble et les expose en une vingtaine de chapitres, de longueur inégale, mais tous animés par le souffle de la conviction. L’impression s’impose au cours des pages que l’on écoute un discours plutôt qu’on ne lit un livre, tant le mouvement est spontané et le style direct. La nouvelle Allemagne, consciente de son passé mais orientée vers l’avenir, doit ne pas oublier le présent et faire preuve à la fois de réalisme dans les applications et de vues lointaines dans les principes de sa politique extérieure, basée uniquement sur le désir de paix.
Cette paix ne sera obtenue que dans le cadre d’une Europe consciente de son unité et de la solidarité de ses membres, disposant d’institutions progressivement mises en place. L’unité européenne ne peut s’établir que sur une entente entre les peuples, tous les peuples de l’Europe, y compris ceux de l’Est. Avec ceux-ci, les questions à résoudre restent graves et difficiles ; elles ne se heurtent cependant pas à des impossibilités ; la condition première de tout accord est la détente entre l’Est et l’Ouest. Avec les pays extra-européens, la politique d’amitié doit être continuée avec les États-Unis, l’assistance doit être donnée aux pays du « Troisième Monde ». Toute l’expérience personnelle de l’auteur le convainc de l’exactitude de ces données, de même qu’elle le conduit à penser que c’est en cette fin du XXe siècle qu’il faut prendre la bonne voie, sans se laisser retenir par les liens qui nous attachent encore trop souvent au passé. ♦