Faut-il avoir peur de l’Allemagne ?
La question posée par le titre reste sans réponse, bien que l’on sente que l’auteur soit favorable à une réponse négative. L’ouvrage est composé de deux parties distinctes, l’une et l’autre assez disparates. Tout d’abord vingt interviews de personnalités allemandes choisies dans les milieux politiques, économiques, littéraires, scientifiques et militaires ; puis une suite de notes brèves sur les différents aspects, surtout quantitatifs, de la vie allemande.
C’est de la matière brute dont le lecteur dispose et qu’il peut utiliser à son gré. C’est-à-dire qu’elle lui servira surtout, nous semble-t-il, à mieux connaître nos voisins plutôt qu’à répondre à la question posée. Au vrai, celle-ci ne paraît pas comporter de réponse nette et définitive. L’Allemagne, comme tous les autres pays d’ailleurs, est soumise aux conditions du moment, tant dans ses choix politiques que dans son attitude psychologique vis-à-vis des grands problèmes du monde ; l’orientation d’aujourd’hui peut changer demain.
L’Allemagne hitlérienne a disparu ; la nouvelle génération ne la connaît que comme un moment de l’histoire, même s’il en reste encore de nombreux témoins et acteurs. L’énorme potentiel humain, industriel et scientifique dont elle dispose peut être employé sous diverses formes, favorables ou défavorables à ses voisins, suivant des circonstances actuellement mal prévisibles. Que ceux-ci aient un préjugé favorable, cela peut être fort utile à la paix du monde et à son progrès ; il n’y a donc aucune raison de le refuser a priori, en souvenir des temps passés et des tristes expériences d’autrefois. Telle est la réflexion que nous inspire cet ouvrage, d’une lecture un peu monotone, mais au demeurant intéressante, bien que l’on puisse regretter que l’auteur ne se soit pas davantage manifesté derrière ses personnages. ♦