Le progrès technique permettra d'organiser, demain, l’aéromobilité à la manière des armées de cavalerie légère de jadis. L'atome, surtout, confère à ce système de forces la puissance qui lui manque et garantira la sécurité de ses arrières en rétablissant la fortification. Telle est en tout cas la thèse que défend l'auteur qui a récemment publié L'armée de l'atome. Ces deux essais qui se nourrissent de la même inspiration n'engagent nullement le commandement. Le tandem hélicoptère-atome implique en effet l'acceptation de la bataille nucléaire tactique à un degré qui parait contraire aux intérêts de la France. La doctrine stratégique actuelle, telle qu'elle apparaît à travers les déclarations des responsables de notre défense, n'admet pas une telle bataille nucléaire. De leur côté, les partisans d'une stratégie et d'une organisation comme celle que prône l'auteur pensent qu'elles seraient plus dissuasives pour un agresseur. C'est ici un vaste débat dans lequel il faudrait nécessairement faire intervenir, outre la question capitale du contrôle politique sur un tel système, les capacités industrielles et financières, ainsi que les ressources et les formes de service qu'impliquerait sa réalisation. Ce serait en tout cas une remise en cause fondamentale de notre politique actuelle de défense.
Libre opinion - Pour une cavalerie légère nucléaire
Tout le secret des armes ne consiste qu’en deux choses :
à donner et à ne point recevoir (Molière)
La cavalerie légère fournit des yeux aux armées. Les grenadiers, les chars, s’engagent droit ou de guingois selon ce qu’elle rapporte. Elle facilite la décision ; elle ne la fait pas. Il y eut des temps et des lieux où elle la faisait. Elle a tué Cyrus, lassé Darius, chassé les fameuses légions et conquis les empires les plus vastes qu’ait répertoriés l’histoire. Elle a aussi essuyé des échecs. Longtemps, elle a frappé aux portes des mondes romain et chinois avant de les voir s’ouvrir, de l’intérieur. Même, elle a reflué sous leurs coups. Dans les « marches », chacun prenait tour à tour l’avantage, selon le talent du chef et la solidité des arrières. L’un dans l’autre, invincible dans les steppes, elle le cédait ailleurs aux phalanges.
Le fusil a tranché le litige. Depuis, la technique a marché. De nouvelles troupes cuirassées dominent les mêlées. Il faut bien qu’elles retrouvent leur antique adversaire. Voici que des améliorations du cheval et de l’arc, une révolution, l’atome, le permettent. Une autre cavalerie, légère par ses engins, écrasante par son feu, brigue, dans nos contrées, le trône des batailles.
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