Le Canada
Le vocabulaire employé par l’auteur convaincra vite que la géographie est bien une science. Sans doute aurait-il été possible et facile, sans nuire à la qualité de cette étude, de la rendre d’une lecture plus aisée et plus attrayante.
Ceci dit, en 300 pages d’une grande densité, Louis-Edmond Hamelin donne du Canada une description physique, humaine, économique, qui mérite attention, car elle permet de comprendre les grands impératifs qui guident la politique canadienne : l’immensité, le froid, la densité relativement forte de l’Ouest et le vide de l’Est, l’isolement sauf vers les États-Unis, le peuplement qui est en partie fait de « transitaires » – 40 % seulement des immigrants sont demeurés dans le pays – la complexité cachée sous le terme commode et insuffisant de « bilinguisme », la forte natalité, l’existence d’une population égale à celles qu’avaient les États-Unis et l’Angleterre il y a un siècle, la présence de ressources naturelles importantes. On pourrait continuer l’énumération. Conditionné plus que la plupart des autres pays par ses éléments géographiques, le Canada joue déjà le rôle d’une grande puissance sans l’être encore tout à fait, parce qu’il exige de l’homme un effort particulier pour dominer la nature et s’y adapter tout ensemble. Il n’a pas encore « trouvé son identité » ; mais, les courants d’origine géographique qui le poussent le conduisent certainement vers un équilibre où se réalisera sa véritable unité nationale.
Voilà de la bonne géographie, intelligemment ouverte sur les problèmes concrets et déterminants du monde actuel et prochain.