Croisières périlleuses
Pour rendre hommage aux sous-mariniers des Forces navales françaises libres, l’amiral Cabanier a adopté une forme romancée. S’inspirant notamment de ses propres souvenirs de commandant du Rubis, l’un des six sous-marins français ralliés au général de Gaulle, il a imaginé les aventures de guerre d’un Opale fictif qui, après plusieurs mois d’opérations, sombre au cours d’une croisière au milieu de l’année 1941.
La trame romancée sert uniquement à réveiller des souvenirs, à recréer une ambiance, à faire revivre, en un mot, le temps depuis si longtemps écoulé. Comme l’écrit l’auteur : « Le récit qui va suivre est celui de leur [les hommes de l’équipage] vie quotidienne, avec ses hauts et ses bas, ses grandeurs et ses petitesses, vie centrée sur l’Opale, cette faible portion du territoire national vraiment libre, qu’ils ont amenée avec eux et qu’ils entendent conduire à la victoire, avec la ferme et inébranlable résolution des simples. »
En effet, il n’y a point, dans ces pages, de récits épiques, de faits extraordinaires, de grandeurs soulignées. C’est le quotidien qui contient toute la noblesse de l’accomplissement du devoir. Cette modestie dans le style et dans la présentation vaut d’être retenue : elle fait contraste avec les sentiments qui animent tant de mémoires, de récits et de souvenirs de guerre. Elle donne une note plus exacte : les véritables héros sont ceux qui ont le moins conscience de l’être. ♦