Histoire de la IVe République. T. II ; La République des contradictions. 1951-1954
Après La République des illusions, l’auteur poursuit son œuvre sans la conduire encore à son terme, tant la matière est riche et tant les documents dont elle a pu disposer présentent un caractère indéniable d’authenticité et d’intérêt.
Ainsi, cette Histoire de la IVe République, qui devait tenir en un seul volume, s’allonge-t-elle pour constituer une somme. Est-ce déjà de l’histoire ? Nous ne le croyons pas. Mais c’est un témoignage de seconde main, construit sur des témoignages directement fournis par un grand nombre d’acteurs qui ont tenu « les grands rôles ». Aussi fallait-il à celle qui se donne pour tâche de les rassembler et de les assembler une grande opiniâtreté dans le travail et de hautes qualités d’analyse et de synthèse. Le lecteur jugera sans doute fort diversement du résultat, s’il a, de son côté et suivant sa propre destinée, vécu cette période à la fois mouvementée et désespérante au cours de laquelle s’effondrait l’idée, vite devenue traditionnelle, d’une France forte et régnant sur une partie du monde. La IVe République a eu la malchance de paraître et de tenter de vivre au moment où, la guerre mondiale achevée, il fallait en subir les conséquences dans tous les domaines. Peu de gouvernements, dans le monde, ont résisté à l’épreuve. Gardons-nous de porter un jugement hâtif, que trop de sentiments subjectifs risquent fort de fausser. L’ouvrage de Georgette Elgey, dont la lecture est aisée malgré le nombre impressionnant des pages, doit surtout, nous semble-t-il, permettre de déclencher les réactions du lecteur au rappel ordonné des événements dont le détail s’estompe parfois dans la mémoire, requise par une actualité pressante.
Sans doute, pour nos lecteurs, la partie la plus directement intéressante de ce tome est celle qui est consacrée à la décolonisation. C’est d’ailleurs de beaucoup la plus importante. Ils y trouveront à nouveau le récit d’événements connus et souvent vécus, appuyé sur des textes, dont notamment in extenso celui de la Commission d’enquête sur Dien Bien Phu. Le recul du temps leur permettra de juger, suivant leurs propres vues, ce qui demeure et ce qui n’était qu’opinion du moment, influencé par les circonstances.
De ce livre, chacun tirera ses propres conclusions. Mais c’est un hommage à l’auteur que de le reconnaître, car cela prouve qu’elle a su faire naître le dialogue muet que le lecteur entretient tout au long des pages avec le texte qu’il a sous les yeux. ♦