Réflexions sur l’avenir d’Israël
Si l’ouvrage est relativement court, il n’en est pas moins intéressant. Point n’est besoin de présenter l’auteur, maintenant bien connu du public français par ses précédents ouvrages ; mais peut-être convient-il d’insister sur sa foi patriotique, sur sa certitude que le peuple juif a une place marquée dans le monde. On comprendra mieux alors à quel point les réflexions qu’il nous livre sont marquées par un doute qui ne veut ou ne peut pas s’avouer.
En effet, Saül Friedländer a, de l’avenir d’Israël, une vue lucide et objective : les victoires militaires ont souvent masqué les profondes divisions d’une Nation qui se construit à partir d’éléments épars, dont l’unité reste aléatoire et la cohérence problématique, même à échéance. Venus d’Europe ou d’Amérique, d’Afrique du Nord ou des pays d’Orient, les Israéliens, sur un territoire exigu qu’ils doivent partager avec des Arabes plus prolifiques, ne sont plus les pionniers des premières années ; entre eux, se marquent des clivages qui ne semblent pas devoir s’atténuer rapidement. Or, en face d’Israël, les États arabes, quels que soient leur sous-développement et leur manque d’organisation, ont la force du nombre et l’espace ; seront-ils prêts, avant qu’Israël se soit enfin homogénéisé et solidement uni, à porter un coup qui pourrait lui être mortel ?
À cette question implicitement formulée, Saül Friedländer répond par un acte de foi dans l’humanisme du peuple juif. ♦