La Chine a vingt ans
L’auteur fait le point de la situation de la Chine au début de 1969, en apportant un ensemble de données numériques et statistiques qui, si leur précision reste aléatoire en raison du mystère dont s’entoure la Chine, ont une valeur indicative certaine. Adoptant un plan fort simple, Jean-Pierre Brulé examine une suite de « défis » : démographique, économique, commercial, militaire et nucléaire.
Les données relatives aux trois premiers sont généralement connues dans leur ensemble ; on trouve ici une confirmation nettement soulignée de faits acquis, mais qu’il n’est pas inutile de rappeler et de chiffrer, car trop d’esprits restent encore sceptiques ou peu conscients en face de ce phénomène chinois qui risque de bouleverser les facteurs traditionnels de l’équilibre mondial. Le texte « défi militaire » consiste surtout dans la masse des effectifs chinois : armée régulière, milice, qui, combinée avec l’immensité de la superficie, rend pratiquement impossible toute entreprise militaire contre le territoire chinois, sur lequel les forces armées sont réparties afin d’en assurer le respect le long de toutes les frontières – sans menacer, affirme l’auteur, les pays voisins. Mais la partie qui nous a paru la plus originale et la plus intéressante de l’ouvrage est celle que l’auteur a consacrée au « défi nucléaire » ; elle informe enfin le grand public des moyens humains et matériels dont dispose la Chine pour se placer maintenant en troisième position, derrière les États-Unis et l’URSS, dans la recherche de pointe ; outre les réalisations spectaculaires que chacun sait dans le domaine des armements nucléaires, la Chine dispose d’un appareil scientifique moderne de haute qualité, capable d’obtenir les résultats les plus rapides dans le développement d’une masse énorme de population.
Mais la politique domine cet épanouissement scientifique, et refuse, affirme l’auteur, de poursuivre avec le même zèle et la même ampleur les recherches sociologiques. Là, la Chine ne marche plus sur « deux jambes ». Or – et c’est nous qui commentons – l’Occident a trop su ce qui lui en avait coûté de développer la science sans développer en même temps et au même degré la morale, expression supérieure et but de la sociologie, pour qu’on ne voie pas, dans le déséquilibre signalé par Jean-Pierre Brulé, un grave défaut dans le développement de la Chine, en même temps, peut-être, qu’une grave menace à échéance pour la paix du monde.
Un nouveau livre sur la Chine ? Mais sa lecture est aisée, claire, et ce qu’il contient est particulièrement digne d’attention. ♦