Procès à Prague. Un survivant du procès Slansky parle
Les événements récents de Tchécoslovaquie font renaître des souvenirs dans les mémoires qui avaient oublié, ou mal connu, les persécutions dont souffrirent, il y a 17 ans, certains dirigeants du pays, coupables d’avoir voulu donner au socialisme tchèque une orientation originale. Eugen Löbl a été jugé en même temps que 13 autres « complices », la plupart d’origine israélite comme lui, et parmi lesquels l’accusé le plus connu était le vice-président du Conseil tchécoslovaque, Rudolf Slansky. Trois des inculpés eurent la vie sauve, dont l’auteur ; les autres furent exécutés. Plus tard, il fut reconnu que le procès n’avait pas le moindre fondement.
Le texte d’Eugen Löbl est relativement court. C’est un récit qui fait songer aux fameux Souvenirs de la maison des morts, de Dostoïevski, à ceci près que les faits sont plus horribles. Ils sont, malheureusement, presque familiers à notre époque, qui a vu et continue de voir les polices politiques et les camps de concentration en action. En dehors de ce texte, l’ouvrage contient une partie des pièces mêmes du procès ; la lecture en est confondante pour un esprit équilibré.
Mieux que les récits sur l’actualité d’aujourd’hui, un tel livre fait comprendre le drame que vit la Tchécoslovaquie sous l’oppression soviétique. Le fond du problème est le même : un pays lutte pour sa liberté sans avoir la force matérielle de l’obtenir par lui-même. Il faut avoir une foi solidement étayée en l’homme et en sa destinée pour continuer d’y croire encore, après avoir lu ce livre… ♦