Victoire d’une défaite : Budapest 1956
La révolution hongroise de 1956 est une victoire, parce qu’elle a été une révolution contre l’autoritarisme communiste moscoutaire. Elle a inauguré une nouvelle ère dans l’histoire de la Hongrie qui, grâce à elle, trouvera sa juste place dans l’Europe de demain, dont nul encore ne peut dire quelles seront les tendances et les valeurs.
Ces quelques lignes résument la thèse de Miklos Molnar et donnent une signification à cet événement marquant, peut-être trop vite oublié dans le flot de l’actualité galopante, que fut le mouvement spontané d’un peuple désireux de secouer des chaînes qui lui semblaient trop lourdes. Mouvement spontané, inorganisé, et qui par suite ne pouvait avoir de chances de succès devant la force soviétique, au moment où d’autres événements attiraient l’attention de toutes les chancelleries et marquaient le début d’une action parallèle des États-Unis et de l’URSS, dont devait plus tard sortir la coexistence pacifique. Le monde avait les yeux fixés sur Suez alors que Budapest se soulevait, et nul ne se souciait de voir changer le difficile statu quo en Europe centrale.
Miklos Molnar, qui fut un témoin direct des événements, les raconte en les plaçant dans le cadre général de l’histoire de la Hongrie et de la situation internationale du moment. Il donne un livre dense, intelligent : un véritable travail d’historien, auquel pourtant les questions sans réponse ne manquent pas. Écrit par un réfugié ayant fui le régime après l’échec de la révolution, cet ouvrage ne prétend pas être sereinement impartial. Mais dans la forme qu’il revêt, il permet au lecteur de mieux comprendre l’évolution des esprits et des idées en Europe centrale sous le régime communiste, au-delà même de son objet direct. ♦